Elles sont conçues pour identifier les points forts et les difficultés des élèves, afin de les aider à rattraper leurs retards. Les évaluations nationales en CP et en CE1, qui se sont déroulées la semaine du 17 septembre, vont bientôt rendre leur verdict. Les parents vont recevoir dans les prochains jours "un petit portrait" avec les forces et les faiblesses de leurs enfants, a annoncé le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, lundi sur Europe 1. Comment réagir si votre enfant a eu une mauvaise note ? Voici quelques conseils.
Ne pas construire de stratégie tout seul
Si votre enfant a des difficultés à lire, écrire ou compter et s’il a des résultats en dessous de la moyenne nationale, le meilleur interlocuteur vers lequel vous tourner reste le professeur. N’hésitez pas à vous confier à lui, et à discuter ensemble de la manière dont il est possible de corriger le tir. Vous pouvez, également, inciter votre enfant à lui poser des questions, à lui demander de répéter dès qu’il n’a pas compris quelque chose en classe. Un échec à l’évaluation peut aussi signaler un mal-être plus profond qu’un trouble de l’apprentissage.
"Ce type d’évaluation peut s’avérer un bon moyen pour comprendre le rapport de votre enfant à la pression. S’il a des bons résultats toute l’année mais qu’il a une mauvaise note à l’évaluation, cela peut vouloir dire qu’il faut travailler ce rapport à la pression, avec des professionnels, avec les équipes pédagogiques", explique à Europe 1 Stéphane Clerget, pédopsychiatre et auteur de Comment bien apprendre pour réussir à l’école ?.
Essayer de trouver le bon rythme pour lui
Si la réponse est entre les mains des professionnels, les parents peuvent aussi mettre en place quelques changements pour aider leurs enfants à s’améliorer. Ceux qui se sentent à l’aise peuvent les aider à faire leur devoir ou leurs révisions, ou se faire aider d’une personne tierce (un grand frère, un parent, un voisin…). En veillant, toutefois, "à ne pas transmettre son anxiété aux enfants", prévient Stéphane Clerget.
" Je croise des enfants qui grandissent avec l'idée qu'ils ne seront jamais à la hauteur "
Pour ce pédopsychiatre, le rôle du parent est surtout important dans la mise en place de rythmes qui placeront l’enfant dans de bonnes conditions. "Il faut veiller à ce qu’il se couche tôt, à ce qu’il ait des 'rituels' quotidiens pour faire ses devoirs et/ou réviser, d’autres pour respirer et s’aérer. L’évaluation peut permettre de savoir si l’organisation que les parents ont instaurée fonctionne".
Éviter d’accabler l’enfant
Le but de ces évaluations est pédagogique. Le ministre l’affirme lui-même : elles ne viennent pas évaluer les efforts fournis en amont, mais doivent servir à identifier des lacunes. D’où l’importance de ne pas sanctionner l’enfant par une punition, ce qui risque d’être contreproductif à cet âge-là. "À l’école élémentaire, la punition pour l'enfant est déjà dans le fait d'avoir une mauvaise note. Il est dans l'affectif et travaille essentiellement pour faire plaisir à la maîtresse et à ses parents", insiste Geneviève Henry, psychologue pour enfant, sur le site Vosquestiondeparents.fr.
"Je croise des enfants qui grandissent avec l'idée qu'ils ne seront jamais à la hauteur. Il n'y a rien de pire dans la vie que le sentiment de décevoir ses parents. Quand on est enfant, on aimerait une acceptation inconditionnelle de ce qu'on fait !", poursuit-elle.
Quelques activités pour favoriser l’apprentissage
Enfin, depuis chez vous, vous pouvez faire participer votre enfant à des activités qui peuvent aider à l’apprentissage des fondamentaux. Les jeux de "plateau" (oies, petits chevaux, course aux poules…), les jeux informatiques type "la course aux nombres", les jeux de déplacement de pions ou tous ceux faisant intervenir nombre et réflexion (le Uno, les 1.000 bornes, le Monopoly junior…) l’aideront par exemple à entraîner son cerveau au calcul, comme l’indiquent les docteurs Michèle Mazeau et Alain Pouhet dans le livre Dans le cerveau de votre enfant.
Pour la lecture, n’hésitez pas à lui lire (ou lui faire lire) également des sortes d’histoire toutes différentes les unes que les autres, pour en faire des moments de partage et de découvertes. Variez ainsi les contextes (passé, présent, futur, monde imaginaire...), les personnages (humains, animaux, dragons, fées...) ou les questions abordées (héroïsme, amour, nourriture, "vie de tous les jours", environnement, faits de société...). S’il est en mesure de lire tout seul, n’hésitez pas à lire le même livre, pour pouvoir en discuter tous les deux, éventuellement répondre à ses questions s’il en a.
Proposez-lui aussi des jeux de rimes, en lui faisant deviner des séries de mots qui se terminent pareil, par exemple. "Les rimes éveillent les enfants à la conscience des sons au sein des mots", écrivent Michèle Mazeau et Alain Pouhet. Cela fonctionne aussi avec des jeux de mémoires, du type : un joueur dit un mot, et le suivant doit le retenir et en ajouter un autre, et ainsi de suite…
Enfin, afin de l’aider à améliorer son vocabulaire, essayez de diversifier vous-mêmes vos expressions. Vous pouvez "utiliser des mots précis ou des synonymes, comme ‘parler’, ‘être en pleine conversation’, ‘discuter’ ; et lui apprendre à moduler ses émotions : ‘être vexé’, ‘avoir peur’, ‘être effrayé’", détaillent les deux médecins dans leur ouvrage. Et Michèle Mazeau, contactée par Europe 1, de conclure : "Un enfant qui connaît 200 mots ne va pas apprendre à lire ou à écrire aussi facilement qu’un enfant qui en connaît 2.000. En cela, les évaluations dès le CP peuvent aider à se rendre compte de ce qui est acquis et n’est pas acquis."
Nos conseils de lecture pour aller plus loin
- Dans le cerveau de votre enfant, Michèle Mazeau et Alain Pouhet
- Bien apprendre à l'école, lire écrire, compter, Michèle Mazeau et Alain Pouhet
- Comment bien apprendre pour réussir à l’école ?, Stéphane Clerget