La garde à vue à Paris de l'islamologue suisse Tariq Ramadan, visé par deux plaintes pour viol en France, a été prolongée jeudi matin, a indiqué une source judiciaire.
Accusations de viols. Le théologien controversé a été placé en garde à vue mercredi par les enquêteurs de la police judiciaire dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte à son encontre pour "viols et violences volontaires". Dans le sillage du scandale Weinstein aux Etats-Unis cet automne, qui a entraîné dans de nombreux pays une libération de la parole de victimes d'abus sexuels, deux femmes ont accusé le théologien de les avoir violées. La première plaignante, Henda Ayari, accuse l'islamologue de l'avoir violée dans un hôtel parisien en 2012.
La défense du théologien a versé au dossier des pièces censées discréditer la parole de cette ancienne salafiste devenue militante féministe. Parmi ces documents figurent notamment des conversations sur Facebook au cours desquelles une femme qui se présente comme Henda Ayari fait en 2014 - soit deux ans après les faits présumés - des avances explicites au théologien, qui n'y donne pas suite.
Une deuxième plaignante entendue. Une seconde plainte visant Tariq Ramadan, pour des faits similaires dans un hôtel à Lyon en 2009, a été déposée fin octobre quelques jours après la première plainte. Les deux femmes ont été entendues par la police à Rouen et Paris.
L'essayiste française Caroline Fourest, qui combat médiatiquement l'islamologue depuis plusieurs années, a également été auditionnée et a indiqué avoir remis des documents aux enquêteurs. Les avocats de Tariq Ramadan ont riposté début novembre en déposant une plainte pour subornation de témoin visant nommément Caroline Fourest.
Seulement deux prises de parole publiques. Petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, Tariq Ramadan a pris un congé depuis début novembre de l'université britannique d'Oxford, où il est professeur d'études islamiques, après l'ouverture de l'enquête à son encontre.
Il n'a pris publiquement la parole qu'à deux reprises depuis le début de cette affaire : sur Facebook, fin octobre, pour dénoncer une "campagne de calomnie" enclenchée par ses "ennemis de toujours", et sur Twitter, début novembre, pour démentir des accusations d'abus sexuels sur mineures publiées par le journal La Tribune de Genève et annoncer une plainte pour diffamation.