La justice craque. Il y a un an, près de 3.000 magistrats dénonçaient dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, leurs conditions de travail intenables, la souffrance quotidienne au travail et un métier qui n'a plus de sens aujourd'hui, malgré les investissements du gouvernement. Alors, 12 mois après, les magistrats décident de passer à l'action et feront grève ce mardi.
Parmi eux, les jeunes magistrats. Largement touchés par le sentiment d'abandon, les nouveaux venus assurent ne pas avoir été préparés à la réalité du terrain, malgré leur formation exigeante à l'École nationale de la magistrature. Après des années d'efforts, les apprentis magistrats sortent plein d'espoir mais une fois en poste, c'est la désillusion. Ces nouveaux juges se heurtent alors à la réalité du terrain : manque de moyens et de temps pour traiter les dossiers, surcharge de travail... Alors il y a un an, ils ont été nombreux à signer la tribune.
"L'école a honte"
"Quand on est arrivé en stage, on n'imaginait pas l'ampleur des dégâts. Et à l'école, on nous y prépare pas", estime la substitut du procureur à Lille, Manon Lefebvre. "Je pense que l'école a honte, comme nous on avait honte quand on a commencé nos fonctions, de reconnaître qu'on rendait une mauvaise justice, la honte de ne pas exercer notre métier à sa hauteur", confie-t-elle au micro d'Europe 1.
Malgré quelques démissions, les jeunes magistrats s'accrochent. Ils comptent bien sur les promesses du garde des Sceaux de créer 1.500 postes d'ici 2027, pour ne plus finir leurs audiences à 23 heures, ou de travailler le soir et pendant leurs congés.