C'est un thème sur lequel le gouvernement a décidé d'agir pour tenter de bâtir un islam de France qui trouve sa propre voie. Le financement de l'islam représente, selon l'essayiste Hakim El Karoui, invité d'Europe 1, mardi, "le chantier le plus discret et le plus important" dans la réforme actuellement menée par le gouvernement depuis le discours d'Emmanuel Macron sur les séparatismes, début octobre. "C'est comme ça qu'on va rompre avec les ingérences étrangères."
"Capter les dons"
"Si on n'a pas un financement endogène de l'islam et du culte, on aura toujours la tentation d'aller chercher de l'argent à l'étranger", estime l'auteur du rapport "La fabrique de l'islamisme" pour l'Institut Montaigne. Pour contrer cela, l'essayiste évoque notamment une "redevance" sur le pèlerinage à La Mecque, en Arabie Saoudite, qui pourrait être "réinvestie pour, par exemple, la formation des imams en France".
"Aujourd'hui, il y a plein d'argent qui circule au nom de l'islam en France", rappelle Hakim El Karoui, également président de l'Association musulmane de l'islam de France (Amif). "L'essentiel, d'ailleurs, provient des dons, qui sont beaucoup plus importants que l'argent étranger. Mais ces dons, il faut les capter pour des causes nationales et pas seulement pour construire des mosquées locales."
Vers l'arrêt de l'islam consulaire ?
Ces influences étrangères dénoncées par le président de l'Amif passent également par l'arrêt de l'envoi d'imams en France. "Le président de la République a dit qu'il fallait arrêter l'islam consulaire. Quand on voit ce qui se passe avec la Turquie, on a la preuve qu'il faut arrêter." Il y a la aujourd'hui 151 imams détachés par la Turquie en France, et 65% sont des fonctionnaires turcs. "C'est une forme d'ingérence", critique Hakim El Karoui, qui rappelle qu'il y a aussi 120 imams détachés d'Algérie et 30 issus du Maroc.