"Pas de métro, pas de boulot!": plusieurs dizaines de personnes en fauteuil roulant ont manifesté mercredi à Paris pour dénoncer l'inaccessibilité, pour les personnes handicapées, de la quasi-totalité du réseau de métro de la capitale. Les militants de l'association "APF France handicap" ont notamment collé aux entrées de certaines stations une affiche représentant le plan du réseau RATP qui leur est accessible... et qui se réduit à une seule des 14 lignes.
Au total, sur les 303 stations du métro parisien, seules les 9 stations de la ligne 14 sont équipées pour les handicapés, soit seulement 3% du réseau. A titre de comparaison, 18% du réseau de métro à Londres est accessible aux personnes à mobilité réduite, 82% à Barcelone et 88% à Tokyo, souligne APF France Handicap. "Il faut profiter des Jeux olympiques de 2024 pour lancer dès maintenant un plan de mise en accessibilité des transports parisiens en général et du métro en particulier", a plaidé Alain Rochon, le président de l'APF, venu manifester devant les... escaliers qui mènent à la station "République". Installer des ascenseurs et aménager toutes les stations coûterait certes des "sommes considérables", et prendrait nécessairement beaucoup de temps, a-t-il convenu. "Mais ça fait 50 ans qu'on crie pour avoir un peu plus de droits, le droit de bouger - qui est un droit fondamental - et on commence à en avoir un peu assez", a-t-il ajouté.
Aucun projet d'accessibilité au métro. La RATP a souligné qu'elle se conformait aux engagements souscrits par Ile-de-France mobilité, l'autorité organisatrice des transports dans la région. A Paris, le réseau de bus, 100% accessible, est considéré comme le moyen de transport de "substitution" pour les personnes handicapées, a précisé Marie-Christine Raoult, responsable de la mission accessibilité à la RATP, qui reconnaît que, pour l'heure, la régie n'a aucun projet de mise en accessibilité du métro.
Des appels à manifester partout en France. Au-delà du cas du métro parisien, l'APF avait appelé ses militants à manifester partout en France mercredi pour "dénoncer les retards et lacunes accumulés dans la mise en accessibilité de la France". Cette mobilisation intervenait à la veille d'une première échéance prévue par une loi de 2015 pour que les établissements recevant du public - principalement les petits commerces et les cabinets médicaux - soient accessibles, ou au moins que leurs gérants déposent en préfecture un "agenda" dans lequel ils détaillent selon quel calendrier ils comptent s'adapter. Or, "il n'existe qu'un très faible nombre d'indicateurs publics concernant l'état d'avancement" de ce processus, déplore l'APF. "D'après ce qui remonte de nos adhérents, les progrès sont en tout cas très insuffisants", assure-t-on de même source.
Pire: d'après une étude réalisée par l'APF en Pays de la Loire, et portant sur un échantillon de 442 établissements de la région ayant déclaré sur l'honneur être désormais totalement accessibles aux personnes handicapées, 12% ne l'étaient pas du tout - pour certains types de handicap -, et 74% "difficilement". "Ce résultat est pitoyable et nous révolte. L'Etat doit faire appliquer la loi!", a dit Jean-Pierre Blain, le responsable de l'APF à Nantes.