Premier arbitrage judiciaire dans la bataille pour l'héritage de Johnny Hallyday : le tribunal de Nanterre se prononce vendredi sur le gel des biens du chanteur et le droit de regard sur son ultime album, demandés par ses deux enfants aînés.
Une famille divisée. David Hallyday et Laura Smet contestent le testament californien de leur père rédigé en 2014 et qui lègue l'ensemble de son patrimoine à sa veuve, Laeticia, ainsi qu'à leurs deux filles mineures, Jade et Joy. Ils ont donc saisi la justice pour demander le gel des biens immobiliers et droits artistiques du rockeur, mort en décembre, en attendant une décision judiciaire sur le fond concernant la succession. Une autre procédure est en cours pour décider du caractère légal ou illégal du testament, mais aucune audience n'a encore été fixée et elle pourrait prendre des mois voire des années.
Un trust géré par Bank of America. Depuis sa mort, tous les actifs de Johnny Hallyday sont regroupés dans un trust baptisé JPS (pour Jean-Philippe Smet, son nom à l'état civil), une structure de droit anglo-saxon qui permet de réunir l'ensemble des biens d'une personne. Ce trust, basé en Californie où l'artiste résidait depuis 10 ans, avait été au centre des débats lors de l'audience. Depuis vendredi, on en connaît le gestionnaire puisque la banque américaine Bank of America a accepté de tenir ce rôle. Les avocats de Laura et David avaient aussi soulevé la question du rôle exact joué dans tout cela par Laeticia Hallyday, également désignée comme "exécuteur testamentaire" par son mari.
Laeticia Hallyday "bénéficiaire". L'ex-mannequin de 43 ans n'est que la bénéficiaire de ce trust, avait rétorqué son avocat Me Ardavan Amir-Aslani lors de l'audience du 30 mars. Les dispositions testamentaires successives du chanteur "vont effectivement dans une seule direction, vers sa femme", mais "est-ce que c'est interdit, immoral ?", avait-il interrogé. En effet, pour l'avocat et sa cliente, Johnny Hallyday avait déjà bien doté, de son vivant, ses enfants adultes, Laura, 34 ans, actrice, et David, 51 ans, lui aussi musicien.
Un "droit moral" sur le dernier album ? Au total, le patrimoine de Johnny Hallyday représenterait plusieurs dizaines de millions d'euros : propriétés, voitures de luxe et droits issus de 1.160 chansons. Outre ce patrimoine, les aînés du chanteur ont également demandé à la justice de pouvoir écouter le 51e album studio du rockeur, sur lequel il avait travaillé une grande partie de l'année 2017 et qui est resté inachevé. Une dizaine de chansons ont été enregistrées, mais "non mixées" avant sa mort, avait souligné Me Carine Piccio, avocate de David. Les enfants invoquent un "droit moral" qu'ils auraient sur l'oeuvre posthume de leur père, mais la maison de disques de Johnny, Warner Music France, leur a opposé à l'audience une fin de non-recevoir.