Volonté de rentrer dans le rang ou… dissimulation ? Depuis l’application de la loi luttant contre le séparatisme, les fermetures de mosquées se sont multipliées. Et cela a eu des conséquences sur les imams dont les discours étaient contraires à la loi. Au point que les services de renseignement qui scrutent avec attention les prêches des imams les plus rigoristes ont constaté une forme de normalisation de leur propos.
Huit mosquées pourraient tomber sous le coup de la loi de "lutte contre le séparatisme"
Selon nos informations, sur les 89 mosquées sous étroite surveillance en France, seules huit pourraient tomber sous le coup de la loi dite de "lutte contre le séparatisme", ont récemment rapporté les services de renseignement. Concrètement, cela concerne majoritairement des discours de haine ou de discrimination entre les femmes et les hommes ou contraires aux principes républicains. En Ile-de-France, la situation semble elle aussi s’être régularisée puisque sur la quinzaine de mosquées surveillées, une seule, dans les Hauts-de-Seine, pourrait faire les frais de la loi dite luttant contre le séparatisme.
Comment expliquer cette évolution ? Les fermetures de plusieurs mosquées ces derniers mois ont passé un message d’alerte. Notamment celle de Pantin, fermée temporairement il y a un an dans le sillage de l’assassinat de Samuel Paty. Certains imams, pourtant connus des services spécialisés pour leur radicalité, auraient ainsi lissé leur discours par peur d’une fermeture sèche que leurs fidèles auraient pu leur reprocher si elle était advenue.
Des prêches relus par des avocats
Selon nos informations, les agents du renseignement ont même constaté, à leur grand étonnement, que certains imams faisaient désormais relire leurs prêches à des avocats pour s’assurer que le message relayé entrait bien dans le cadre de la loi. Mais les services ne sont pas dupes. Ils craignent que ce lissage de façade ne cache d’autres formes de séparatisme, moins voyantes, plus insidieuses. Une forme de stratégie de dissimulation pour mieux imprégner le périscolaire, les cours en ligne ou l’instruction à domicile. C’est d’ailleurs le défi des mois à venir du renseignement territorial : déceler des formes de clandestinité derrière la nouvelle vitrine des mosquées surveillées.