"J'ai rencontré ma femme qui venait de quitter son compagnon violent" : le poignant témoignage de Michel, sur les violences conjugales
Après vingt années passées avec un mari d'une grande brutalité, Karine a fini par trouver la force de le quitter. Une décision aussi difficile que salvatrice. Son nouveau mari, Michel, a raconté son histoire vendredi à Wendy Bouchard.
"J'ai rencontré ma femme alors qu'elle venait de quitter son compagnon violent, le père de ses deux enfants." Vendredi matin, dans l'émission de Wendy Bouchard, Michel* a livré un témoignage bouleversant, au travers de l'histoire de son épouse, Karine*. Pendant vingt ans, cette quinquagénaire a subi le harcèlement et les sévices de cet homme, dont elle s'est aujourd'hui libérée, au prix d'efforts incommensurables.
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"Lui faire comprendre qu'elle est victime, et non coupable". Le nouveau compagnon de Karine a longuement discuté avec son épouse, a patiemment recueilli les douloureux souvenirs de cette femme traumatisée. "Vivre avec une femme qui a subi vingt ans de violences conjugales, c'est extrêmement compliqué, notamment pour lui faire comprendre qu'elle est victime et non coupable", confie Michel. "Et puis au quotidien, les femmes battues donnent très bien le change. Certains, aussi, acceptent de fermer les yeux. Ma femme habitait dans une maison très proche de ses beaux-parents. Ils ne se sont jamais inquiétés d'avoir une belle-fille qui tombait dans les escaliers tous les quinze jours", note-t-il.
Des remarques sur le physique aux sévices. Au début de sa vie conjugale, Karine ne s'est pas rendue compte tout de suite qu'une situation de violence s'installait. Pourtant, "les violences psychologiques sont arrivées tout de suite, avec des réflexions sur le physique", rapporte Michel, qui parle d'un "mécanisme de démolition très pervers". Puis, "il a commencé à la frapper à partir du moment où elle était enceinte. Là, on est tombé dans l'horreur".
" Au début, elle ne voulait pas porter plainte, car c'était le père de ses enfants "
Ses enfants l'ont poussé à partir. L'ex-compagnon de Karine tenait pour impératif de ne jamais la frapper devant leurs enfants, deux garçons aujourd'hui âgés d'une vingtaine d'années. Mais Michel l'assure : ils comprenaient tout, avaient conscience de tout. Ce sont eux qui, un jour, lui ont dit : 'Maman, va-t'en !' Une décision "extrêmement difficile à prendre", assure le nouveau mari, car de nombreux paramètres entrent en compte : quel est le meilleur moment pour partir ? Dans quelles conditions ? Avec quel argent ? Faut-il emmener les enfants, le chien, la voiture ? Et qu'adviendra-t-il du compte en banque, des crédits, de la maison ? "Ma femme, elle, est partie avec 25 euros dans la poche, en laissant ses enfants dans la maison", raconte-t-il encore sur Europe 1.
Son mari a rapidement porté plainte pour "abandon de domicile". "Comble de l'abject", estime Michel. L'homme a ensuite demandé et obtenu la garde alternée de leurs deux enfants. "C'était une manière de garder la mainmise sur elle", avance le nouveau mari de Karine.
La première plainte en 2014. Au bout d'un an de relation, au début de l'année 2014, Michel a fini par convaincre Karine de se rendre au commissariat pour porter plainte. "Au début, elle ne voulait pas, car c'était le père de ses enfants", précise-t-il. "On a eu la chance de tomber sur des policiers et des gendarmes qui n'ont jamais remis en question quoi que ce soit, qui ont été très pointus dans leurs interrogatoires, et qui ont très, très bien fait leur travail. Et je les en remercie de grand cœur", glisse le mari de Karine.
Aujourd'hui, Karine et Michel n'ont plus de contact avec l'ex-mari violent. Et les enfants ont définitivement rejoint leur foyer, dans le nord de la France. Mais pour Karine, le travail de reconstruction est long. Tout comme pour sa famille, qui s'attendait "à ne pas la revoir vivante", témoigne Michel. Karine voit chaque semaine une psychologue, avec laquelle elle parvient peu à peu à analyser l'enfer qu'elle a vécu, et auquel elle a fini par échapper.
* Les prénoms ont été modifiés.