Journée de la Terre : la France à l'avant-garde ou en retard dans la protection de la biodiversité ?

La disparition des abeilles est un symbole de la perte de biodiversité en France. © Nicolas TUCAT / AFP
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Yanis Darras / Crédit photo : Nicolas TUCAT / AFP

À l’occasion de la journée de la Terre le samedi 22 avril, Europe 1 s’est intéressée à l’état de la biodiversité en France. Si l’Hexagone jouit d’une diversité d'animaux et d'environnement riches et parmi les plus importantes de la planète, l’artificialisation des terres et l’utilisation de pesticides menacent l'équilibre. 

Moustiques, brebis, zones humides, renard… La biodiversité est un élément majeur de la France. Le pays compte près de 180.000 espèces sur son territoire, grâce à sa présence aux quatre coins du monde, soit près de 10% de toutes les espèces connues sur Terre. Une richesse due notamment à la présence de zones dites de "points chauds de la biodiversité" sur son sol. La France en recense cinq sur son territoire : la Méditerranée, l’Océan Indien avec la Réunion, les Caraïbes grâce à la Guadeloupe et la Martinique, la Polynésie ou encore, la Nouvelle-Calédonie. 

Des pertes abyssales

Mais à l’instar du reste du monde, la biodiversité se dégrade rapidement en France. Ainsi, alors que le pays se classe parmi les pays abritant le plus grand nombre d’espèces, il est aussi parmi les dix pays comptant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées en 2018, selon le ministère de l’Écologie.

Pis, 68% des habitats (forêts, zones humides, etc) menacés au niveau européen, sont présents en France métropolitaine. En cause, "l’agriculture intensive avec l’utilisation de pesticides , l’artificialisation des sols avec l’étalement urbain, les espèces invasives comme le frelon asiatique , et le réchauffement climatique", explique à Europe 1 le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Allain Bourgrain-Dubourg.   

En janvier dernier, l’ONG avec le Musée national d'Histoire naturelle, avaient déjà alerté l’opinion publique, après une vaste opération de comptage dans les jardins des Français et avoir collecté des milliers de données pendant les dix dernières années. Le constat dressé est inquiétant, avec un déclin de 41% des effectifs d'espèces d’oiseaux communes au printemps, période de reproduction pour ces derniers. "Les oiseaux sont intéressants parce qu’ils sont de bons indicateurs scientifiques de l’état de la biodiversité", juge le président de la LPO.

"Là où ils sont présents en nombre, cela signifie que l’ensemble du vivant (mammifères, insectes, batraciens, etc) est épanoui. Mais là où ils disparaissent, c’est l’ensemble de la biodiversité qui s’estompe", poursuit-il. 

Des mesures pas à la hauteur de l'enjeu

Conscient de l’importance de préserver le vivant sur son territoire, l’État a présenté un plan de protection de la biodiversité, dévoilé en juillet 2018. Parmi les pistes adoptées : créer de nouvelles aires protégées, repenser l’agriculture, favoriser un monde sans plastique ou encore, consolider le droit à l’environnement. Insuffisant pour les associations écologistes, qui appellent à un vrai sursaut du gouvernement sur le sujet. Car tout n’est pas perdu pour le vivant, estime Allain Bourgrain-Dubourg. 

"Dans les années 1970, toutes les espèces emblématiques d’aujourd’hui étaient à l’agonie. Par exemple, il restait moins de dix couples de cigognes blanches. Aujourd’hui, il y en a plus de 5.000. Il restait 30 castors d’Europe il y a cinquante ans, aujourd’hui on en compte 30.000 sur le continent", explique le président de la Ligue pour la protection des oiseaux.

"Donc, on a réussi (une première fois) à sauver les espèces les plus emblématiques, grâce à la réglementation et à l’action des ONG. Le pari aujourd'hui est beaucoup plus complexe parce que c'est souvent la faune de proximité, la petite faune qui est victime d'un modèle agricole et de l’artificialisation.(…) Mais je pense que la nature, dès qu'on lui donne un peu la capacité de s'émanciper, elle peut le faire très vite et cela ne peut être que positif", conclut-il.