Greta Thunberg, la jeune militante écologiste suédoise, va s’adresser mardi à l'Assemblée nationale, à l’invitation du collectif "Accélérons la transition écologique et solidaire". Mais la venue de l’adolescente est loin de faire l’unanimité parmi les élus, dont certains, notamment dans les rangs des Républicains, dénoncent une opération de communication fondée sur l’incroyable popularité de la jeune fille.
"Greta Thunberg porte la voix de la jeunesse qui s’inquiète de son futur", a voulu défendre au micro de Pierre de Vilno, sur Europe 1, Alicia Arquetoux, speakeuse à l’Assemblée nationale et membre du mouvement Youth for climate. Pour cette militante de 17 ans, la médiatisation de Greta Thunberg permet de rendre audible une parole sur l’urgence climatique qui n’est pas assez entendue quand elle est seulement portée par les scientifiques. "Ça fait un moment que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Mais on ne les écoute pas, ils n’ont pas de voix. C’est pour ça que Greta est là", argue-t-elle.
Les arguments scientifiques éclipsés par le buzz ?
Certains députés, jusque dans les rangs de la majorité, craignent toutefois que l’intervention de Greta Thunberg éclipse le discours scientifique à la faveur du buzz qui entoure l’adolescente. "Pourrait-on mettre autant à l'honneur les scientifiques, les personnes qui agissent depuis des années pour la planète. Utiliser le manichéisme du Bien contre le Mal est bien trop simple pour agir dans un monde complexe", a notamment tweeté la députée LREM Bénédicte Peyrol. "Le problème, c’est que les personnes imminentes, les grands dirigeants d’ONG, viennent souvent à l’Assemblée nationale et on ne les écoute plus", lui répond Alicia Arquetoux .
"Greta Thunberg a une certaine influence médiatique, auprès des gens, notamment parce que ça marque une enfant de 16 ans", soutient-elle. "Elle a une force en termes d’éloquence."
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La jeune militante attaquée, notamment sur son autisme
"Gourou apocalyptique", "prophétesse en culottes courtes"… les opposants à la venue de Greta Thunberg n’ont pas ménagé leurs qualificatifs. Le chirurgien Laurent Alexandre, fondateur du site Doctissimo, a également pointé dans un tweet les problèmes de santé de la jeune fille, diagnostiquée asperger. "Je n’aimerais pas avoir des TOC graves, une dépression infantile, un mutisme sélectif, un Asperger avec monoideation et des troubles alimentaires graves me conduisant à être minuscule ! Je respecte l’enfant malade mais regrette sa manipulation", a-t-il posté.
"Je ne comprends pas dans quelle mesure on peut traiter un être humain comme ça, vu les remarques dénigrantes et désobligeantes qu’elle pu recevoir, sur le fait notamment qu’elle soit autiste asperger", déplore Alicia Arquetoux, toujours sur Europe 1. "Je ne vois pas en quoi ça rentre en compte avec la cause. J’ai envie de leur dire d’arrêter de se concentrer sur la forme, mais de se concentrer sur le fond."