>> Il y a huit ans, Laurent, 62 ans, habitant l'Eure-et-Loir, a remarqué qu'il s'endormait fréquemment à son bureau. Puis des cauchemars particulièrement effrayants ont commencé à peupler ses nuits. Les médecins l'ont d'abord diagnostiqué dépressif, avant de mener sur lui une batterie de tests du sommeil. Il s'est ouvert à Olivier Delacroix, mardi après-midi sur Europe 1.
"Ça m'a pris d'un seul coup, en mars 2010. Je m'endormais sur mon bureau. Le matin, le réveil était très difficile. J'avais beaucoup de mal à rejoindre mon travail, et a trouvé l'entrain que j'avais auparavant. Je me demandais ce qui se passait. J'avais des personnes sous ma responsabilité. Et j'avais honte, je ne savais pas ce qu'elles allaient penser…
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Ça m'a inquiété, donc je suis allé consulter mon médecin du travail. Il m'a dit que c'était peut-être de l'apnée du sommeil, mais il m'a fait une petite remarque que, sur le coup, je n'ai pas retenue. Il m'a demandé : ' Vous avez été vacciné ? Car il s'agit peut-être d'une narcolepsie vaccinale. Je vais faire une déclaration d'incident à la pharmaco-vigilance." Après ça, il n'y a pas eu de suites.
J'ai continué à travailler jusqu'en 2011. Entretemps sont arrivés des cauchemars. Des cauchemars affreux. J'ai même du mal à en parler tellement c'est émouvant, tellement ça fait peur. Les premiers, c'était des clowns méchants qui venaient m'enfoncer des piquets dans le corps. Moi, je suis totalement paralysé, je vis pleinement le cauchemar.
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Le médecin m'a diagnostiqué une dépression. J'ai été suivi par le psychiatre pendant deux ans. Il n'y a pas eu d'évolution, pas d'amélioration. Il y avait toujours ces cauchemars. On m'a hospitalisé en psychiatrie pendant une quinzaine de jours. Le médecin du centre m'a convoqué et m'a dit : 'Monsieur, vous n'êtes pas déprimé. Vous participez aux activités, etc'. Et c'est vrai, je suis d'un abord assez agréable. Il m'a dit que je devrais consulter un spécialiste du sommeil. C'est ce que j'ai fait.
Je suis allé à la Pitié-Salpêtrière et j'ai fait une polysomnographie (un examen médical qui consiste à enregistrer, au cours du sommeil du patient, plusieurs variables physiologiques comme le rythme respiratoire, le rythme cardiaque, ou l'électroencéphalogramme, ndlr) et des tests d'éveil en journée. Grâce à la polysomnographie, les médecins ont remarqué que j'avais des phases de sommeil paradoxal en début de nuit, et que j'avais un sommeil très fracturé. Ça veut dire que je ne bénéficiais pas du sommeil profond pour me reposer.
Aujourd'hui, mon état est tout à fait aléatoire. J'ai un nouveau traitement. J'ai en journée un psychostimulant, et la nuit, des gouttes pour entrer dans le sommeil profond immédiat. J'en prends avant de me coucher, et à 3 heures du matin pour rester en sommeil profond. Je crie toujours la nuit, mais je ne me rappelle plus de mes cauchemars. Ils sont masqués par mes médicaments."
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