Cahuzac contre Cahuzac. Depuis une semaine, l’ancien ministre du Budget et son ex-épouse, Patricia Ménard, se livrent une guerre froide devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Si tous deux ont reconnu avoir ouvert des comptes, en Suisse, à Man puis à Singapour, ils n’ont cessé de s'en renvoyer la responsabilité. L’examen de personnalités que s’apprête à mener le président devrait permettre de mieux comprendre ce couple. Ils risquent tous les deux sept ans de prison et un million d’euros d’amende pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale.
L'audience reprend. 5e jour de procès pour les ex-époux Cahuzac. Même costume gris anthracite pour lui, même jupe noire stricte et chemisier blanc pour elle. Comme depuis le début du procès, ils sont assis à deux chaises l'un de l'autre.
L'audience de mardi s'est ouverte sur l'étude des comptes de la mère de Jérôme Cahuzac : 239.650 euros, provenant d'honoraires de clients français, ont été déposés sur deux comptes. "Ma mère ne s'est jamais posé la question qu'on faisait quelque chose de frauduleux. Elle me faisait confiance. Dès lors que je lui demande, comme un service, de déposer ces chèques sur son compte, elle le fait", confie Jérôme Cahuzac. L'argent sert principalement au financement de loisirs de la famille : vacances à la Baule, financement d'une piscine en Corse...
Goût du luxe. Lundi, lors de son audition, Jérôme Cahuzac avait indiqué avoir mis en place ce système frauduleux pour ne pas faire baisser le train de vie de sa famille. "C’est une grosse erreur d’appréciation. Tout en gagnant bien ma vie, je n’ai jamais eu le goût du luxe", lui a sèchement répondu son ex-femme aujourd’hui. Selon elle, les séjours de luxe à La Baule ou dans les mers du sud étaient avant tout un plaisir de Jérôme Cahuzac. "Il aimait passer des vacances dans de beaux endroits, dans des hôtels de luxe." L’ancien ministre du Budget a vivement contesté ces propos. "Depuis 91, le seul véhicule que j’utilise est un scooter. Ma voiture est d’occasion. Ma maison dans la circonscription n’a rien d’exceptionnel."
Cahuzac évoque une "deuxième entretien" avec Hollande. Après les révélations de Médiapart, le président de la République l’aurait pris "en tête-à-tête" après le conseil des ministres, affirme Jérôme Cahuzac. La tenue de cette réunion informelle était jusqu’alors inconnue. Jérôme Cahuzac reste ambiguë sur la teneur de cet entretien. "Les conversations en tête-à-tête appartiennent au Président." Il affirme cependant que François Hollande ne lui a pas posé "LA" question sur la détention de comptes à l’étranger, de même il ne lui a jamais dit "Tu es couvert". "Si j’ai menti, c’est par omission", assure-t-il. "Il n’a commis aucune faute politique, sur le plan humain c’est une autre affaire", a-t-il déclaré.
Retrouvez le live-tweet du quatrième jour d’audience par notre journaliste Caroline Politi, au tribunal correctionnel de Paris :
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