Le Rassemblement national et l'IVG, un revirement et des divisions

Manifestation
Au niveau de l'Union européenne, les eurodéputés RN n'ont pas soutenu la résolution d'inscription du droit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne © Maylis Rolland / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
Une division règne au Rassemblement national sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution. Jordan Bardella assure cependant vouloir œuvrer "pour les droits des femmes", insistant sur le vote de soutient de Marine Le Pen pour la constitutionnalisation. 

Depuis le début de sa campagne législative, Jordan Bardella assure vouloir œuvrer pour "les droits des femmes", et rappelle, notamment, que Marine Le Pen a soutenu la constitutionnalisation de l'IVG, occultant les divisions et revirements du Rassemblement national en la matière.

Division sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution

Lors du vote à l'Assemblée nationale pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution le 30 janvier, le parti à la flamme est celui qui a montré le plus de divergences, avec 46 pour, 12 contre et 14 abstentions. Marine Le Pen elle-même, malgré son vote en faveur de la loi, a estimé que ça "ne sert à rien".

Sur le même sujet en 2022, la majorité avait également été très courte, avec 38 voix pour sur 74. Le vote avait eu lieu quelques mois seulement après le vote de l'allongement du délai pour une IVG, de 12 à 14 semaines de grossesse, à laquelle Marine Le Pen s'était opposée et pour lequel aucun député RN n'avait participé au vote. La volonté exprimée d'élus d'extrême-droite de couper les subventions du Planning familial, ne plaide pas non plus pour un accès facilité au droit à l'avortement.

 

Au parlement européen, une opposition à la sanctuarisation de l'IVG

Au niveau de l'Union européenne, les eurodéputés RN n'ont pas soutenu la résolution d'inscription du droit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne adopté en avril. Jordan Bardella, à l'instar de nombreux autres députés du groupe ID s'est abstenu, tandis que la grande majorité d'entre eux ont voté contre. En 2020 puis 2022 déjà, le RN s'était déjà opposé à la condamnation de la Pologne, qui avait interdit de fait l'avortement en-dehors des cas de grossesse suite à un inceste ou une agression sexuelle ou de mise en danger directe de la santé de la mère.

dans le passé, des propos anti-avortement assumés

Si aujourd'hui le RN s'exprime peu sur ce sujet clivant en interne, notamment lors des débats parlementaires où les députés restent majoritairement silencieux, ça n'a pas toujours été le cas. Le FN (devenu RN) a longtemps été radicalement anti-avortement, Jean-Marie Le Pen se disant "chrétien, donc (…) par principe contre l'avortement" et demandant à plusieurs reprises l'abrogation de l'IVG. En 2011, Marine Le Pen avait quant à elle émis son souhait de dérembourser l'IVG, fustigeant des "avortements de confort". Plus récemment, plusieurs élus, notamment Hervé de Lépinau en 2020, ont comparé l'avortement à un génocide ou encore aux "crimes de Daesh".