Dans son cabinet d'orthophonie, Sarah Degiovani reçoit une patiente atteinte d'une aphasie, un trouble du langage, à la suite d'un AVC. Selon la professionnelle, la séance de 45 minutes qu'elle s'apprête à faire ne sera pas rémunérée à sa juste valeur. "Actuellement, chaque séance avec elle est facturée 39.25 euros", explique-t-elle. Une somme calculée grâce à la lettre clé (la base du calcul des honoraires), fixée à 2,50 euros, multipliée par le prix de la consultation pour l'aphasie qui est de 15,70 euros.
Le problème, c'est que la lettre clé, c'est-à-dire la base du calcul des honoraires, est gelée depuis 10 ans. "Si la lettre clé avait suivi la progression de l'inflation, soit 3.20 euros, on serait à plus de 50 euros pour ce même acte", déplore-t-elle. Aujourd'hui, le salaire moyen d'un orthophoniste est de 2.500 euros nets par mois. Il monterait à 3.000 euros nets par mois si la lettre clé était de 3,20 euros.
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Un impact direct sur le pouvoir d'achat
Cette faible rémunération diminue le pouvoir d'achat des orthophonistes. "On considère qu'on a perdu environ 30% de pouvoir d'achat dans les 20 dernières années. Dans un métier où 98% des professionnels sont des femmes de 40 ans, il est très difficile de pouvoir prévoir les vacances, prévoir les activités, être sereine dans la vie quotidienne, éventuellement la vie familiale quand on en a une", précise Sarah Degiovani.
Et cette situation a également des répercussions sur l'attractivité du métier car, même s'il reste des étudiants qui choisissent l'orthophonie, les professionnels, eux, sont nombreux à quitter le navire pour des secteurs mieux rémunérés.