Près de 30.000 hectares de forêt ont été ravagés par les flammes en Gironde lors de l'été 2022. Cette année encore, les pompiers craignent le pire. Ils s'entraînent partout en France à protéger les forêts. Les formations des chefs de groupes spécialisés "feux de forêt" ont ainsi doublé depuis l’année dernière, et les stages pour apprendre aux pompiers les bases de la lutte contre les feux de forêt se sont multipliés. Surtout, ils ne se déroulent plus majoritairement dans le sud du pays.
Un feu fictif
Deux camions rouges s’insèrent sur les pistes cabossées d’une forêt près du Creusot, en Saône-et-Loire. Le but de l’exercice : lutter contre un feu fictif. "On va passer par la partie brûlée et on va aller de l'autre côté… Car le feu est à moins de 100 mètres pour l'instant, donc on va le taper tout de suite", suggère Didier, sapeur-pompier en formation "feux de forêt".
Apprendre à se coordonner avec les Canadair
Les stagiaires apprennent ainsi à conduire les camions, évaluer la taille du feu, prioriser les endroits à protéger ainsi qu’à se coordonner avec les Canadairs. "Je te propose de faire un premier largage une fois que j'aurai mis mon personnel à l'abri", lance Didier à son talkie-walkie. À l’autre bout, un pompier formateur joue le pilote de l’avion, et évalue la capacité de Didier à lui donner les bonnes indications.
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"Il faut aller quatre fois plus vite pour un feu de forêt"
Cet exercice, le commandant Sébastien Desroches le connaît par cœur. Il est conseiller technique départemental "feux de forêt" de Saône-et-Loire, et chef de la compagnie du Creusot. "Il faut aller vraiment à l'attaque", explique-t-il au micro d’Europe 1. "Tout ce qu'on a l'habitude de faire sur du feu urbain, il faut le faire quatre fois plus vite en feu de forêt." D’où l’intérêt de se former, avec la montée en puissance du réchauffement climatique.
"Un été 2023 au moins aussi compliqué que 2022 est à craindre"
"On a une prise de conscience au niveau de tous les départements de la moitié nord de la France, qui étaient jusqu’ici moins concernés par le risque incendie pour leurs forêts", indique le commandant Deroche. "Toute cette culture qu'on a dans le Sud depuis très longtemps, il faut qu'on arrive à l'appliquer maintenant dans le reste de la France", poursuit-il. "D’autant plus que l’on a une année qui commence avec une sécheresse soutenue, et on craint d'avoir une saison qui soit au moins aussi compliquée que celle de l'an passé", admet Sébastien Deroche. En Saône-et-Loire, plus d’une centaine de pompiers doivent valider le stage cette année.