Les préjugés racistes et antisémites ont diminué en France par rapport à l'an dernier, selon le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) qui mesure chaque année un "indice de tolérance". La CNCDH mesure chaque année depuis 1990 le degré de tolérance des Français à partir d'une enquête sur l'état de l'opinion réalisée par l'institut Ipsos. La dernière, réalisée du 6 au 14 novembre 2018 sur un échantillon représentatif de 1007 personnes, a été publiée mardi dans son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie.
Cet indice de tolérance est en hausse en 2018 : il s'est établi à 67 (sur 100) en 2018, contre 65 l'an dernier, s'est réjouie la CNCDH. L'indice a gagné 13 points de 2013 à 2018. L'organisation note toutefois des écarts : l'indice s'établit à 79 pour les Noirs, à 77 pour les juifs, à 73 pour les Maghrébins, à 61 pour les musulmans et à 35 pour les Roms, selon la CNCDH qui a adressé son rapport au gouvernement.
"Pour les Noirs, les Roms ou les juifs, l'indice de 2018 a peu évolué"
"Pour les Noirs, les Roms ou les juifs, l'indice de 2018 a peu évolué par rapport à 2017. L'acceptation des Maghrébins, elle, a progressé de 2 points" et "2018 est aussi une année record pour l'acceptation des musulmans et de l'islam", commente-t-elle. "Les Roms restent particulièrement rejetés et la tolérance à leur endroit a très peu évolué depuis 2016", ajoute-t-elle.
Si avec les Noirs, "les juifs sont la communauté la mieux considérée dans l'opinion publique", observe la CNCDH, "en parallèle, la hausse des actes antisémites" de près de 80% relevée par le gouvernement "rappelle, cette année encore, que l'évolution des actes et celle des préjugés racistes ne sont pas toujours corrélées et obéissent à des logiques distinctes".
Par ailleurs, parmi les données du ministère de l'Intérieur publiées dans ce rapport, figurent les actes anti-chrétiens, transmis pour la première fois à la CNCDH. Cette année 997 actions et 66 menaces ont été recensées, "soit un volume global de 1.063, contre 1.038 faits en 2017", relève-t-elle. La CNCDH relève aussi, comme les années précédentes, un "phénomène massif de sous-déclaration du racisme".
Le rapport s'intéresse au phénomène de non scolarisation
Enfin le rapport met aussi le doigt sur un phénomène de non scolarisation qui touche des publics divers : enfants roms ou perçus comme tels, enfants du voyage, enfants vivant en bidonville ou en squats, mineurs non accompagnés et enfants vivant outre-mer, en particulier en Guyane et à Mayotte. La difficulté d'accès au système scolaire touche particulièrement les enfants vivant en bidonvilles et en squats puisque 80 % d'entre eux ne sont pas scolarisés, souligne-t-il. Plusieurs obstacles viennent limiter l'accès à l'éducation de ces enfants, par exemple le refus de certains maires d'inscrire ces enfants dans l'école de leur commune ou des barrières matérielles liées aux conditions de vie (achat de vêtements, coût de la cantine...)
De composition pluraliste, indépendante, cette Commission analyse, pour produire son rapport, différentes données du ministère de l'Intérieur, de la Justice, de l'Education nationale, de l'Insee, de l'Ined. Ses chercheurs mènent aussi des auditions auprès des associations de la société civile sur ces questions.