Mayotte : un cyclone Chido «exceptionnel», dopé par des mers chaudes
Le météorologue François Gourand, prévisionniste à Météo France, explique que le cyclone Chido a directement frappé l'archipel, ce qui lui donne un caractère "exceptionnel", tandis que sa puissance a été dopée par des eaux particulièrement chaudes dans l'océan Indien liées au changement climatique.
Le cyclone Chido qui s'est abattu sur Mayotte est "exceptionnel" car il a directement frappé l'archipel, tandis que sa puissance a été dopée par des eaux particulièrement chaudes dans l'océan Indien liées au changement climatique, a expliqué samedi un météorologue à l'AFP. "On remonte probablement au cyclone du 18 février 1934, donc il y a 90 ans, pour trouver un impact aussi violent sur le département", selon François Gourand, prévisionniste à Météo France.
Des rafales de 226 km/h
Chido dépasse le cyclone Kamisy d'avril 1984 qui faisait jusqu'alors figure de "référence" dans la zone, selon lui. Les autorités ont fait état samedi de deux morts et de dégâts "énormes" à Mayotte, tandis que Météo France a relevé des rafales de 226 km/h à l'aéroport de Pamandzi à l'est de la "capitale" Mamoudzou. "Pour que l'œil d'un cyclone touche un territoire aussi petit, il y a quand même une probabilité qui est extrêmement faible, c'est cela qui fait le caractère un peu exceptionnel" de l'événement, selon François Gourand.
Chido a également profité "d'un environnement océanique exceptionnel depuis quelques années et notamment cette année, avec des températures de surface des eaux proches de 30 degrés et des eaux chaudes très profondes", a révélé le spécialiste. Ce phénomène, lié au changement climatique, crée "un gros réservoir d'énergie disponible pour les cyclones", a-t-il démontré. Autre élément qui a favorisé le développement de Chido, "un cisaillement de vent faible", ce qui a permis au cyclone "de se structurer et de perdurer".
Des phénomènes pas rares dans l'océan Indien
S'il existe trop de différence de vent entre le sol et l'altitude, "cela peut déstructurer un phénomène cyclonique et l'empêcher de se développer. Et là, malheureusement, ce n'était pas le cas", a encore indiqué François Gourand. De tels phénomènes ne sont pas rares dans l'océan Indien, où la saison cyclonique démarre "à peu près au mois de novembre, avec un pic général entre le mois de décembre et le mois de mars, voire avril", a détaillé le météorologue.
Pour la saison actuelle, Météo-France avait annoncé une activité cyclonique légèrement supérieure à la normale, qui est de 10 tempêtes et cyclones, dont cinq cyclones. La prédiction était "entre neuf et 13 tempêtes et cyclones, et quatre à sept cyclones tropicaux", a souligné M. Gourand.