Après le meurtre de Mireille Knoll, le grand rabbin de France a dit craindre sur Europe 1 une forme d’indifférence aux actes antisémites en France. "On a toujours le sentiment qu’on ne veut pas dire (lorsqu’un acte est antisémite, ndlr) parce que ça veut dire que quelque chose ne va pas dans le pays", a déploré Haïm Korsia, mardi, dans Europe Soir. "On a connu ça, au début des années 2000. On se disait que ce n’était pas possible qu’il y ait de l’antisémitisme qui vienne frapper la communauté (…) C’est difficile de dire qu’il y a un antisémitisme qui peut venir de n’importe où, et qui a toujours la même haine", a développé le grand rabbin de France, qui préfère toutefois se montrer prudent sur l’affaire Knoll en attendait les conclusions de la justice.
"On a le sentiment qu'il faut cacher les choses." "Cette femme, 85 ans, qui échappe à la rafle du Vel d’Hiv’, se retrouve massacrée, assassinée et brûlée… comme si son destin se résumait à cette finitude", compare Haïm Korsia, en référence à la Shoah. "Et si on ne dit pas qu’il faut aussi chercher en direction (de l’antisémitisme, ndlr), alors on a le sentiment qu’il faut cacher les choses, pour ne pas les aggraver. On a connu cette volonté de dire 'N’en parlez pas trop, on risquerait d’en causer d’autres' et on a connu aussi une forme d’indifférence", poursuit-il. "Pensez que quatre millions de personnes étaient dans les rues après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. On était tellement peu trois ans avant" pour les victimes de Mohamed Merah, illustre le grand rabbin de France.
"Refus de l'indifférence". Toutefois, Haïm Korsia constate que les choses ont changé depuis : il assure avoir reçu "beaucoup de messages touchants", de religieux comme de civils, après le meurtre de Mireille Knoll. "Là, il y a le refus de l'indifférence. Je pense qu’il y a aura du monde", mercredi, à la grande marche blanche organisée en mémoire de l’octogénaire tuée à Paris, espère-t-il. Et le grand rabbin de France de conclure : "Il y a le sentiment que ce n’est pas seulement la communauté juive qui est attaquée, mais l’idée qu’on peut se faire de la République."