Des négociations au point mort et des médecins libéraux en colère. Après un premier mouvement de grève à la fin de l'année 2022, les praticiens s'apprêtent une nouvelle fois à fermer leurs cabinets. Une journée de mobilisation est annoncée pour le 14 février prochain, car les négociations entre les syndicats et l'assurance-maladie patinent depuis une semaine.
"Il est indispensable de redonner à la médecine de ville des moyens à la hauteur des enjeux", insistent les syndicats dans une lettre envoyée à la Première ministre Elisabeth Borne, dénonçant un budget 2023 "bien inférieur à l'inflation", mais aussi le vote récent d'une proposition de loi ouvrant "l'accès direct" aux kinés et à certains infirmiers, et créant une "obligation collective" de garde en soirée et le weekend pour l'ensemble de ces soignants libéraux.
Revaloriser les salaires
"Une compétence médicale, ça s'acquiert, ça ne se transfère pas notamment parce que les études des kinés, des pharmaciens et des infirmières en pratique avancée ne sont pas du tout faites pour que les professionnels de santé puissent accueillir les patients en accès direct et prescrire", explique au micro d'Europe 1, le docteur Mokhtaria Alikada.
Avec cette nouvelle réglementation, "il pourrait y avoir des diagnostics manqués. Et surtout, il pourrait y avoir vraiment une perte de chances pour le patient qui ne bénéficiera pas de l'expertise d'un médecin", alerte la praticienne. Une seule solution pour cette dernière, afin "d'augmenter les effectifs des médecins : il faut revaloriser (les salaires). Les médecins qui verront leurs honoraires revalorisés s'installeront et ça va créer un choc d'attractivité. Et là, nul besoin de transférer des compétences qui ne se transfèrent pas", conclut Mokhtaria Alikada.
Un argument déjà mis en avant par les médecins libéraux, lors de leur premier mouvement de grève il y a mois, qui demandaient le passage de la consultation à 50 euros, contre 25 actuellement.