Menaces, agressions verbales et physiques... Le Sénat doit rendre public dans la journée les conclusions d'un rapport sur le signalement et le traitement des pressions, menaces et agressions dont les enseignants sont victimes. Au micro d'Europe 1, une professeure raconte avoir eu peur pour sa vie il y a deux ans, à cause d'une élève de confession musulmane contrariée par sa façon d'enseigner. Elle témoigne anonymement.
"J'ai senti qu'elle était complètement remontée"
"Lorsque j'ai abordé la thématique de la laïcité, par exemple, et que j'ai émis l'idée qu'il puisse exister des femmes imams, j'ai senti qu'elle était complètement remontée", commence cette enseignante au micro d'Europe 1.
"Des élèves sont venus nous prévenir, moi et ma collègue, de ce qu'elle postait sur les réseaux sociaux, en l'occurrence TikTok. Elle expliquait que ses professeurs mettaient en péril sa religion. Notre hantise, c'était qu'elle nous nomme, qu'elle nomme l'établissement, ce qu'elle n'a jamais fait de manière publique mais ce qu'elle a fait en message privé et ça nous a paru suffisamment alarmant pour qu'on demande une protection fonctionnelle", indique-t-elle.
La protection fonctionnelle est un principe général du droit destiné à protéger les agents publics contre les attaques ou les mises en causes pénales dont ils peuvent être l'objet dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions, à condition qu'ils n'aient pas commis de faute personnelle. Dans ce cas, les enseignantes ont pu demander l'aide d'un avocat ainsi qu'un accompagnement psychologique.
"Je suis devenue très vigilante"
Au micro d'Europe 1, l'enseignante, qui a préféré témoigner anonymement, assure avoir été "dans un contexte de peur pour sa vie". "Ça s'est arrêté parce que la jeune fille a changé d'établissement mais je vous assure que je suis devenue très vigilante. Je fais attention à tout ce que je dis", confie-t-elle.
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Une affaire qui fait écho à celle vécue par le proviseur du lycée Maurice Ravel dans le 20e arrondissement de la capitale depuis une semaine. Après avoir demandé à une élève en BTS d'enlever son voile, il a reçu des menaces de mort sur Internet. Il a depuis été placé sous protection administrative.