Emeutes, maisons incendiées, pillages... Tout comprendre à la crise qui embrase la Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie est secouée par de violentes manifestations ces dernières heures. L'archipel, située à 17.000 kilomètres de Paris, connaît un regain de tensions, alors que l'Assemblée nationale examine une réforme de la constitution visant à élargir le corps électoral du territoire. Mais pourquoi cette réforme plonge-t-elle l'île dans de violents affrontements ? Europe 1 fait le point.
La Nouvelle-Calédonie s’enflamme. Alors que l’Assemblée nationale examine en ce début de semaine une révision de la constitution, les tensions entre indépendantistes et royalistes sont exacerbées. Voitures dégradées, maisons brûlées... à Nouméa, d'épaisses colonnes de fumées s'élèvent dans le ciel, alors que les affrontements se sont multipliés ces dernières heures entre les manifestants et les forces de l'ordre . Mais pourquoi la réforme est-elle au centre des tensions ? Europe 1 fait le point.
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20% des électeurs ne peuvent pas voter
Après avoir été adopté au Sénat, c’est au tour de l’Assemblée nationale d’examiné la réforme constitutionnelle pour ce territoire ultramarin. Objectif : élargir le corps électoral de l’île, notamment lors des élections provinciales. Jusqu’à présent, l’accord de Nouméa du 5 mai 1998 prévoit le gel du corps électoral dans le territoire. Seules les personnes inscrites sur les listes électorales cette année-là en Nouvelle-Calédonie ainsi que leurs descendants, peuvent s’exprimer lors de ces élections, mais aussi lors des référendums. Conséquence directe : un électeur sur cinq présent dans l’archipel ne peut pas s'exprimer lors de ces scrutins.
Le ministre de l’Outre-mer Gérald Darmanin fait part depuis plusieurs mois de sa non-satisfaction face à cette situation, "qui n’est plus conforme aux principes de la démocratie", estime-t-il. Avec cette réforme, appelée par Emmanuel Macron, le gouvernement entend élargir le vote à tout électeur présent depuis au moins 10 ans en Nouvelle-Calédonie.
Selon un rapport du Sénat, qui s’est déjà exprimé favorablement sur le sujet, le corps électoral de l’île augmenterait de presque 15%. Plus de 12.000 natifs et 13.000 citoyens venus du reste de la France et installés sur le territoire pourraient enfin voter lors des élections provinciales.
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Trouver un nouveau statut
Une hérésie pour les indépendantistes, qui y voient une volonté de réduire le poids des Kanak (nom du peuple autochtone ndlr), qui représentent déjà moins d'un habitant sur deux (41%) selon le dernier recensement de 2019, dans le processus électoral local. Ces derniers, ainsi que le Congrès calédonien , appellent à retirer le projet et à poursuivre le dialogue entre les forces politiques locales, alors que le camp indépendantiste et le camp loyaliste peinent à trouver un terrain d'entente pour trouver un nouveau statut à la Nouvelle-Calédonie.
Un autre sujet de frictions qui fait suite aux référendums organisés entre 2018 et 2021 à trois reprises, demandant aux électeurs s'ils souhaitaient ou non l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie. À trois reprises, ces derniers se sont exprimés défavorablement à l'idée d'être indépendant avec 56% de non en 2018, 53% en 2020 et même 96% en 2021, le dernier référendum ayant été largement boycotté par les indépendantistes .