réfugiés afghans 1:24
  • Copié
Marion Gauthier, édité par Margaux Baralon , modifié à
Depuis la prise de pouvoir des talibans, 2.600 réfugiés afghans ont été évacués par la France. Mais beaucoup ont laissé des proches derrière eux, à la merci des islamistes. Certains étaient rassemblés samedi soir, à Paris, pour exprimer leurs inquiétudes et leur désespoir.
REPORTAGE

"Ici, tout le monde a perdu des gens de la famille depuis ces trois semaines. J’ai perdu un cousin, à l’aéroport." Parmi une centaine de visages cernés et des drapeaux afghans, Surab étreint ses voisins. Certains pleurent, d’autres serrent les dents. Rassemblés à Paris samedi, tous font partie des 2.600 réfugiés afghans que la France a évacués de Kaboul depuis la prise de la capitale par les talibans. Mais alors que le pont aérien tricolore a été interrompu vendredi soir, l'inquiétude est grande pour leurs proches restés derrière eux.

"Je me suis sentie délaissée"

"On ne dort pas", confirme Surab, qui a voulu, avec tant d'autres, exprimer son désespoir. "Même si on crie, qui va transmettre notre message ? On est devenus impuissants." À côté de lui, un autre réfugié a "essayé de tout faire", "envoyé des centaines de mails". Appels au ministère, aux mairies... tous racontent avoir multiplié les démarches pour que les noms de leurs proches figurent parmi ceux des passagers sauvés par l’armée française.

"Depuis le 15 août, je ne fais que ça", souffle Chala. "J’y ai cru jusqu’à la dernière seconde." Finalement, personne, dans la famille de la jeune femme, n'a pu être exfiltré. Son frère journaliste est pourtant menacé directement par les talibans. La fin du pont aérien sonne comme un adieu forcé la réfugiée. "Je me suis sentie délaissée. J’étais en larmes", raconte-t-elle.

L'espoir d'opérations humanitaires

"J’ai eu ma nièce au téléphone qui me disait que c'était fini, qu'on était prisonnières pour de bon. Et chaque fois qu’on frappe à la porte, ils ont peur que ce soient les talibans, soit pour papa soit pour ma nièce, pour la marier de force." Chala n'a pu que promettre à la jeune fille qu'elle avait fait "tout ce qu'elle avait pu" de son côté. 

Ne pas partir, c’est mourir. Beaucoup le laissent entendre ici, mais Chala garde un mince espoir : des opérations humanitaires pourraient être mises en place pour évacuer les Afghans en danger.