"J'ai toujours mis une distance avec l'école. J'y allais parce que ma mère m'obligeait." Ossama, l'adolescent qui n'aimait pas l'école, n'aurait jamais imaginé qu'il viendrait un jour en aide à des décrocheurs scolaires. Pourtant, à 31 ans, il a fondé une structure pour accompagner les jeunes de banlieue grâce au développement personnel. Avant cela, il avait travaillé à la chaîne dans une usine, avec pour seule respiration les matchs de foot entre copains, le week-end. Jusqu'à ce que, par un dimanche de printemps, un accident de voiture au retour d'un entraînement ne le pousse à tout remettre en cause. Dans L'ENVOL, un podcast produit par Europe 1 Studio avec Ticket for Change et Ground Control, il raconte comment il s'est soudain interrogé sur le sens de sa vie.
"J'avais l'impression de me retrouver un peu comme les fourmis"
"[Ossama travaillait comme manutentionnaire, dans l'assemblage de voitures] C'était assez difficile mais je n'avais pas l'opportunité de trouver autre chose alors je m'y accrochais, parce que pour moi c'était une forme d'indépendance. J'avais l'impression de me retrouver un peu comme les fourmis. Au début, tu vois ce genre de machine et tu te dis : 'l'être humain fait des choses incroyables, il a cette capacité d'inventer des choses, cette créativité'. Et en même temps c'est flippant, parce que j'ai l'impression que pour survivre dans ce genre de métier, il faut déconnecter ton cerveau.
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Et pour découvrir d’autres portraits, d’autres changements de vie, écoutez "Fallait oser" tous les jours à 5h10 sur Europe 1 dans Debout les copains avec Matthieu Noël.
"Il y a un homme à moto qui nous est rentré dedans, de pleine face"
[Que se passe-t-il le jour de l'accident ?] Je rentre, je suis avec deux amis à moi dans une petite voiture. Moi j'étais assis derrière et on parlait. Sur le chemin du retour, c'est comme dans un film. Je me réveille, j'ai les yeux encore fermés, il fait tout noir et il y a un espèce de sifflement qui arrive, comme si on augmentait le volume tout doucement. J'ouvre les yeux, je commence à regarder autour de moi et je me dis : 'oh merde, on a eu un accident de voiture'. Il y a un homme à moto qui nous est rentré dedans de pleine face, dans un virage. Sur le coup, j'ai du sang partout. (...)
"Ton papa, il est venu en France pour t'offrir une meilleure vie"
Je réalise seulement quand je vois l'état de la voiture, quand je vois la moto qui a réussi à passer sous la voiture. Je me suis dit : 'mais ça va trop vite'. Ça c'est la claque qui m'est venue sur le moment. Je pense que s'il n'y avait pas eu la ceinture j'aurais traversé le pare-brise. J'ai eu deux semaines d'arrêt, j'avais la tête gonflée, j'étais en béquilles, je ne sortais plus de ma chambre, j'avais pas envie, je n'arrivais même plus à manger. J'ai commencé à réfléchir, je me suis dit : 'Ossama, tu es un fils d'immigré, ton papa est venu en France pour t'offrir une meilleure vie. Et toi aujourd'hui, tu travailles à l'usine comme lui, est-ce que tu n'as pas plus d'opportunités que lui pour faire quelque chose ?'
[Sur les réseaux sociaux, il repère alors une vidéo d'un coach en développement personnel] Je me suis dit : 'c'est ce genre de choses que j'aimerais bien faire. (...) J'ai fait en sorte de le rencontrer, je lui ai expliqué un peu mon parcours. Il m'a dit : 'mais fonce, il n'y a personne qui t'en empêche'. Ce qui est paradoxal, c'est que j'ai attendu la permission de quelqu'un pour faire ça, alors qu'il me disait, justement, de ne pas attendre la permission des gens pour le faire. À partir de ce moment-là, j'ai commencé à prendre des risques."