C'est un énorme travail qui va être présenté. Un rapport sur la pédocriminalité dans l'Eglise, rédigé par la commission Sauvé, sera rendu mardi. Au total, il contient plus de 1.300 pages. Depuis plus de deux ans, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé, était chargée d'enquêter sur ces crimes et avait lancé un grand appel à témoins.
Un rapport analytique et historique
Le rapport est divisé en plusieurs parties. Tout d'abord, le document principal analyse l'attitude de l'Eglise dans sa gestion de la pédocriminalité depuis les années 1950 et formule 40 préconisations pour éviter de nouveaux drames. À côté, un rapport historique de 600 pages sera présenté. Car les membres de la commission sont allés enquêter dans les archives centrales de l'Eglise de France, conservées à Issy-les-Moulineaux, mais aussi dans un tiers des diocèses, dans des instituts religieux et des congrégations, remontant parfois jusqu'au 19e siècle.
"Le niveau d'abus n'est pas négligeable"
Une partie plus quantitative est aussi très attendue : une enquête Ifop, réalisée auprès d'environ 30.000 personnes et généralisée ensuite à l'ensemble de la population française par l'Inserm pour estimer le nombre total de Français victimes de pédocriminalité de la part de l'Église en France, afin de le comparer aux autres violences sexuelles subies pendant l'enfance. "Le phénomène est d'une ampleur insoupçonnée", affirme Philippe Portier, historien, sociologue et membre de la Ciase. "Le niveau d'abus dans l'Église n'est pas négligeable du tout, même si la famille est le premier lieu de constitution des abus."
Les investigations font aussi apparaître une Eglise qui, jusqu'à une période toute récente, était au courant de ces crimes sexuels au sein de ses murs et a décidé de ne pas agir, attachant plus d'importance à la défense de l'institution qu'à la souffrance des victimes.