C'était une décision attendue. Les députés européens ont voté contre l'obligation, pour les automobilistes, de conditionner la validité de leur permis de conduire à une visite médicale tous les 15 ans, "afin d’éviter les discriminations et de garantir leur droit à la libre circulation et à la participation à la vie économique et sociale".
La décision reviendra à chaque pays
L'instauration de telles visites médicales, destinées à mesurer l'aptitude physique et mentale des conducteurs, restera à la discrétion de chaque Etat membre. Des bilans médicaux sont déjà obligatoires dans 14 Etats de l'UE comme en Italie ou au Portugal mais n'existent pas en Allemagne ou encore en France, où la proposition a provoqué une levée de boucliers. Les députés LR et RN s'y sont opposés.
"L'Europe est à sa place quand elle améliore la vie des gens, pas quand elle la complique en s'arrogeant des prérogatives au motif d'harmoniser des pratiques", ont affirmé Brice Hortefeux et Francois-Xavier Bellamy (LR, membres du groupe PPE, droite) dans un communiqué. A l'inverse, Karima Delli (Europe Ecologie), rapporteure du texte, a dénoncé des "arguments fallacieux" et de la "désinformation" sur le sujet.
"Une majorité d'élus" français en faveur des contrôles médicaux
Elle a toutefois relevé qu'"une majorité d'élus" français au Parlement européen était en faveur des contrôles médicaux, appelant la France à les instaurer. "Il y a un manque cruel de courage politique" a aussi regretté Pauline Déroulède, qui s'exprimait à ses côtés lors d'une conférence de presse. Cette championne de tennis-fauteuil, qui a perdu sa jambe gauche en 2018 après avoir été renversée par un automobiliste de 90 ans, milite depuis pour ces tests d'aptitude à la conduite.
La mesure visait à s'inscrire dans la stratégie européenne en matière de sécurité routière, dont l'objectif est de réduire de 50% le nombre de morts et de blessés sur les routes d'ici à 2030. Plus de 20.000 personnes meurent chaque année sur les routes de l'UE et plus de 160.000 sont gravement blessées.
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Une période probatoire de deux ans pour les débutants
Le texte adopté mercredi inclut une période probatoire de deux ans pour les conducteurs débutants qui seront soumis à des limites strictes en matière d'alcool au volant (jusqu'à 0,2 g/l) et s'exposeront à des sanctions plus sévères en cas de conduite dangereuse. Le projet prévoit aussi l'introduction d'un permis de conduire numérique, disponible sur le téléphone portable.
Le projet de règles relatives au permis de conduire de l'UE a été adopté par 339 voix pour, 240 voix contre. Il devra encore être négocié avec les Etats membres et les eurodéputés ne se prononceront pas sur sa version finale avant plusieurs mois.