Pour la journaliste, les comportements racistes dans la police sont à lier à la politique "du chiffre" (photo d'illustration). 1:32
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Guilhem Dedoyard
Pour la journaliste Tania de Montaigne, la prise de conscience actuelle concernant le racisme en France est l'occasion de remettre à plat certaines choses. Invitée de Patrick Cohen sur Europe 1, elle dénonce une mauvaise gestion de la police comme service public et explique que la politique du chiffre favorise des comportements discriminatoires.
INTERVIEW

Comment lutter contre les comportements racistes dans la police ? Pour Tania de Montaigne, écrivaine et journaliste, il faut d'abord l'expliquer. Le phénomène trouve, selon elle, des explications dans l'histoire, notamment coloniale du pays, mais aussi dans des facteurs économiques. 

"Le racisme, ce n'est pas du tout une opinion"

"Cette histoire de contrôle au faciès elle est liée à notre culture", à partir d'une certaine teinte de peau les gens vont être plus contrôlés, explique Tania De Montaigne au micro de Patrick Cohen."Sur la question de la police, il y a des choses qui sont en train de sortir, des témoignages en France et je trouve qu'il faut s'en saisir. Il faut quand même rappeler que le racisme ce n'est pas du tout une opinion, c'est un délit et, raison de plus si on est un représentant de l'Etat, il faut que ça soit sanctionné, mais fortement".

Mais selon l'écrivaine, cette prise de conscience doit aussi permettre de "repenser le service public" qu'est la police, en cessant "de vouloir qu'il y ait une efficacité qu'on pourrait mettre en chiffre". "Si vous demandez à des policiers de faire du chiffre, on est à peu près sûr qu'ils ne feront pas leur travail correctement, car le chiffre, ça veut dire aller vite", explique-t-elle, tout en appelant à ce que "toutes les instances se réunissent" pour discuter de ce problème.

"Il y a des gens qui sont contrôlés quatre fois par jour"

Tania de Montaigne dresse aussi un parallèle avec le Ségur de la santé promis par le gouvernement aux soignants après la crise du coronavirus. "Si on veut faire correctement son travail, et là je pense que ça vaut pour l'hôpital ou la police, ça nécessite du temps." "Si on n'a pas ce temps, on va au plus vite et donc on va pêcher au filet dérivé en permanence" et ainsi réitérer des comportements discriminatoires.

La journaliste s'appuie aussi sur son propre exemple, "ayant grandi dans une cité, je sais que chaque personne qui circulait, en tout cas chaque garçon, savait que c'était mieux de ne pas oublier sa pièce d'identité"."C'est vrai qu'il y a des gens qui sont contrôlés quatre fois par jour".