"L'antisémitisme n'est pas une opinion, mais un délit. Nous sommes tous concernés." Dans un communiqué diffusé jeudi, 14 partis politiques ont appelé à "l'union contre l'antisémitisme". Une initiative motivée par une recrudescence d'actes antisémites la semaine dernière, mais aussi les chiffres alarmants diffusés par le ministère de l'Intérieur : en 2018, les menaces et les violences visant les Juifs ont augmenté de 74%.
Des marches sont donc organisées mardi, en fin de journée, un peu partout en France. Même si cet appel n'a pas empêché de premières divisions politiques.
Quel contexte ?
L'appel à manifester a été déclenché après une flambée d'actes antisémites la semaine dernière. Un arbre, planté à Sainte-Geneviève-des-Bois en mémoire d'Ilan Halimi, ce jeune homme séquestré, torturé et tué en 2006 par le "gang des barbares" parce qu'il était juif, a été scié. Deux portraits de Simone Veil sur deux boîtes aux lettres de la mairie du 13e arrondissement ont été recouverts d'une croix gammée. Les gérants d'un restaurant parisien Bagelstein ont découvert un tag "Juden" ("juifs" en Allemand) sur leur devanture. Puis, ce week-end, en marge d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris, l'intellectuel Alain Finkielkraut a été pris à partie et subi des injures notamment à caractère antisémite.
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Quand et où se dérouleront les marches ?
L'appel lancé par les 14 partis politiques mentionne le principal rassemblement, organisé à Paris, place de la République, mardi à 19 heures. Mais ce n'est pas le seul. Sur son site, La République en marche! liste 54 défilés (qui ne sont pas affiliés à ce mouvement politique mais à tous les signataires de l'appel) dans une cinquantaine de départements, avec des départs prévus entre 17 et 19 heures. On en compte notamment à Lille, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Tours, Toulouse ou encore Nantes. Sur Twitter, le hashtag #JeDisNon a été popularisé par les mêmes partis politiques, ainsi que des collectifs et des associations, pour signifier le refus de l'antisémitisme.
Mais des initiatives ont aussi vu le jour hors des marches prévues dans le cadre de l'appel commun. Un rassemblement "contre l'antisémitisme et contre son instrumentalisation" aura lieu mardi soir au métro Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris. Il accueillera notamment le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), qui refuse de tomber dans des "opérations de récupération diverses et variées". Le Parti des indigènes de la République, Solidarité Palestine, le Comité Adama ou encore l'Union juive pour la paix se joindront au NPA.
Quels partis politiques participent ?
Les principaux mouvements politiques ont appelé à manifester, depuis le PCF jusqu'aux Républicains. Ne manque, à gauche, que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui a regretté publiquement de ne pas avoir été sollicitée. "Bien sûr, elle soutient cet appel et n'a jamais fait défaut dans le combat contre l'antisémitisme", a précisé son représentant légal, Manuel Bompard, sur Twitter. Le leader du PS, Olivier Faure, a quant à lui assuré qu'il avait bien envoyé un message à Jean-Luc Mélenchon mais que celui-ci n'avait "pas répondu". Depuis, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé des "dévoiements politiciens" de la part des socialistes comme du gouvernement, qui selon lui "instrumentalisent l'antisémitisme".
À droite, les choses sont plus claires : ni le Rassemblement national de Marine Le Pen ni le mouvement Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan n'ont été conviés. Dimanche, sur France 3, le second a dit "détester l'antisémitisme" et fustigé "cette gauche qui a laissé le pays dans un état lamentable, en partie responsable de l'essor de l'antisémitisme en France". La leader du RN a quant à elle condamné les insultes antisémites adressées ce week-end par des "gilets jaunes" à l'intellectuel Alain Finkielkraut. Mais estimé que "ça n'est pas une manifestation qu'il faut pour stopper l'antisémitisme, mais l'action". Finalement, le parti d'extrême droite a décidé de rendre un hommage séparé des marches, expliquant qu'il "n'entend pas défiler aux côtés de formations et de dirigeants politiques" qui se livrent à une "manifestation-instrumentalisation".
Enfin, l'exécutif sera bien représenté. Ce ne sera pas par Emmanuel Macron lui-même, mais par le Premier ministre, Édouard Philippe, qui a confirmé sa présence en fin d'après-midi, lundi. D'autres membres du gouvernement y participeront, comme Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, ou encore Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées. L'ancien président François Hollande sera là également.