L'intersyndicale de la fonction publique a appelé mercredi tous les agents à se mobiliser contre une réforme des retraites jugée "injuste et inutile", notamment en participant "massivement" à la journée de grève prévue le 19 janvier. Dans un rare communiqué commun, les huit organisations syndicales représentatives de la fonction publique - dans l'ordre CGT, FO, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP - "exigent du gouvernement le retrait de son projet de reporter l'âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans et d'augmenter la durée de cotisation".
Les métiers pénibles en question
"Les améliorations évoquées des droits des agents et agentes par la mise en place d'une retraite progressive dans certains cas, la conservation des droits liés au service actif et désormais leur portabilité, ne peuvent en aucun cas compenser le recul de l'âge d'ouverture des droits à la retraite ou l'allongement de la durée de cotisation", affirment-elles. Les syndicats dénoncent en particulier le fait que le décalage de deux ans de l'âge de départ en retraite s'appliquerait aussi aux agents "bénéficiant du service actif ou superactif", c'est-à-dire ceux qui exercent des métiers pénibles.
"Au lieu de pouvoir choisir de partir à 52 ans ou à 57 ans, ils et elles seraient obligés de poursuivre leurs missions jusqu'à 54 ans ou jusqu'à 59 ans", déplorent les organisations syndicales. En conséquence, l'intersyndicale appelle "tous les agents publics à se mobiliser" contre cette réforme "injuste et inutile" et "à s'inscrire massivement dans la première journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles le 19 janvier".
Une prochaine date de réunion intersyndicale
Les syndicats de la fonction publique, unis par des revendications salariales en plus de leur opposition commune à la réforme des retraites, tentent par ailleurs de s'accorder sur une date pour une réunion intersyndicale qui pourrait présager de futures mobilisations, a appris l'AFP. Initialement prévue mercredi, l'intersyndicale a été reportée en raison de l'indisponibilité de certains participants. Le gouvernement a présenté mardi son projet de réforme des retraites, qui prévoit de décaler de deux ans l'âge légal de départ et d'accélérer l'allongement de la durée de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein.
Pour tenter d'atténuer l'hostilité des syndicats, l'exécutif a notamment prévu de réintroduire un système de retraite progressive dans la fonction publique et a annoncé un "fonds de prévention de l'usure professionnelle" à destination des soignants, qui sera a priori doté de 100 millions d'euros par an.
Pension minimale fixée à près de 1.250 euros
Sur la question des métiers pénibles, exercés par 710.000 fonctionnaires en France selon le ministère de la Fonction publique, le gouvernement prévoit de sanctuariser le droit à un départ en retraite anticipé en cas de reconversion vers une profession moins exposée physiquement. Autre garantie, la pension minimale des fonctionnaires reste fixée à près de 1.250 euros, soit une cinquantaine d'euros de plus que ce qui est prévu dans le privé.
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Plus que des "compensations" au relèvement de l'âge légal, "qui va toucher une majorité de femmes", ces mesures relèvent tout simplement de la "justice", a commenté la secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, Mylène Jacquot, auprès de l'AFP. Sollicité par l'AFP, le ministère de la Fonction publique n'a pas souhaité réagir à l'appel à la mobilisation.