Le climat entre parents et enseignants est-il devenu exécrable ? Selon une étude dévoilée mercredi dans le Parisien, réalisée auprès de 7.000 directeurs d'école, 48 % des fonctionnaires affirment avoir le sentiment que les relations avec les parents se sont dégradées, alors qu'ils n'étaient que contre 30 % à penser la même chose en 2004. Un problème, selon Sandra Guillot-Duhem, auteur du livre Parents Casse-couilles, invitée mardi au micro de Nikos Aliagas, sur Europe 1. "Une relation apaisée, c'est la clé de la réussite, c'est nécessaire pour un bon épanouissement de l'enfant", précise-t-elle. Mais comment s'y prendre pour éviter d'aller au clash ? Et jusqu'où le parent peut-il s'immiscer dans la vie de la classe ? Europe 1 vous livre quelques conseils pour que les relations soient les plus douces possibles.
Aller à la rencontre des enseignants
C'est l'une des clés. Pour éviter ou limiter les conflits entre parents et enseignants, la première chose à faire est de communiquer. Des réunions parents-professeurs sont organisées au moins deux fois par an par les établissements scolaires. C'est l'occasion d'échanger sur les situations qui peuvent poser problème. En cas de doutes, de questionnement sur un devoir demandé ou sur une fourniture scolaire souhaitée, le parent peut demander à rencontrer le ou les professeurs. Mais cela vaut aussi si le parent juge qu'il est utile d'informer l'enseignant d'une situation personnelle particulière.
"Certains parents mettent une barrière, sont mal à l'aise et n'osent pas nous interpeller, mais moi je leur dis : Venez nous voir", explique Sabrina Petit, professeur des écoles dans une école maternelle du Havre, co-auteur du livre Parents Casse-couilles, interrogée mercredi par le Parisien. "Les parents sont des partenaires, il faut travailler avec eux", confirme Sandra Guillot-Duhem sur Europe 1.
De manière générale, pointe Richard Redondo, dans Psychologies Magazine, il n'est jamais bon de "laisser traîner l’incompréhension. La problématique doit être posée, rapidement. Et il ne faut pas hésiter à demander trois rendez-vous dans l’année". "En cas de conflit, il est préférable que la rencontre entre l'enseignant et les parents se fasse en présence de l'enfant pour que les propos des uns ou des autres ne soient pas déformés", complète Daniel Marcelli, pédopsychiatre joint par Europe 1.
S'informer
Un parent bien informé est généralement un parent rassuré. C'est d'ailleurs une obligation pour la communauté éducative que de tenir régulièrement au courant les parents des résultats et du comportement scolaire de leurs enfants.
Une application "eparents" a été également lancée par le ministère de l'Education nationale pour répondre aux questions des parents. En indiquant l'établissement et la classe de son enfant, on peut avoir accès sur son smartphone aux horaires de l'école, mais aussi à la liste de fournitures demandées ou au calendrier des vacances scolaires.
Par ailleurs, un site à destination des parents et des enseignants existe pour favoriser les relations entre les deux : la mallette des parents de l'école primaire au lycée. On y trouve des fiches méthodologiques qui expliquent les enjeux de l'année scolaire, mais aussi des documents illustratifs. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education, souhaite d'ailleurs s'appuyer davantage sur ce dispositif à la rentrée.
L'autre bonne démarche pour un parent consiste à savoir où se situe ses limites. "Le menu de la cantine, l'emploi du temps, les horaires de bus sont indépendants de notre volonté", rappelle dans le Parisien, Sabrina Petit, professeur des écoles.
Faire confiance à l'enseignant
L'autre levier pour que une relation parents-professeurs plus sereine est de faire confiance à l'enseignant. "Bien sûr les parents connaissent mieux leur enfant. Mais il faut accepter que quand l'enfant va à l'école, on se fait déposséder d'une partie de sa vie", explique le pédopsychiatre Daniel Marcelli. Certains parents "oublient qu’entre les enseignants et eux, il s’agit d’une coéducation, pas d’un antagonisme", pointe Christiane Allain, secrétaire générale de la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE) dans Psychologies magazine.
"Il est important que le parent reconnaisse à l'enseignant un rôle, une compétence, un savoir qui peut être utile à l'enfant. A l'inverse, les enseignants doivent respecter la fonction parentale et ne pas se poser en personne sachant tout", ajoute Daniel Marcelli.
Disqualifier l'enseignant systématiquement est également contre productif, assure le pédopsychiatre."A chaque fois que les parents tapent sur les enseignants, même s'ils ont une bonne raison de le faire, cela complique la vie de l'enfant et sa scolarité", insiste-t-il. "Or, une bonne scolarité ne donne pas l'assurance d'une vie heureuse, mais une mauvaise scolarité elle est un obstacle".