Cinq ans, un livre, et des amitiés fortes. Le 13 novembre 2015, à 21h40, trois hommes pénètrent dans le théâtre du Bataclan pendant un concert des Eagles Of Death Metal et tirent à vue. L'horreur dure une trentaine de minutes, avant une longue prise d'otage et l'intervention des forces de l'ordre après minuit. Quatre-vingt-dix personnes vont trouver la mort dans la salle. Parmi les survivants, David Fritz Goeppinger, photographe de 28 ans, otage des assaillants avec 11 autres personnes. Un calvaire de 2h30 qui prendra fin avec l'assaut de la BRI. Quelque 1.800 jours plus tard, il raconte sa reconstruction au micro d'Europe 1.
>> LIRE AUSSI -Didi, responsable de la sécurité du Bataclan le 13 novembre 2015 : "Il ne faut pas oublier, mais il faut avancer"
"Une forte sensibilité au surgissement des actes terroristes"
Pour le rescapé qui a publié il y a quelques semaines son horreur dans un livre, Un jour dans notre vie, les moments cruciaux de sa reconstruction sont ceux où il a dû "attraper la joie, mais aussi une certaine candeur qu'on a essayé de nous enlever le 13 novembre."
"Aujourd'hui ça va, ce qui peut rester du trauma du 13-Novembre, c'est une forte sensibilité au surgissement des actes terroristes", explique-t-il en évoquant l'attaque perpétrée à Vienne le 2 novembre. les images des médias m'ont assez rapidement renvoyé à ce qui s'est passé le 13 novembre à Paris, avec ces rues baignées dans une lumière jaune. C'est beaucoup de souffrance, mais finalement pas pour moi-même. Ce que j'ai vécu reste au Bataclan, mais je pense à ces gens qui viennent de subir cet acte-là. Finalement, leur 14 novembre vient de commencer."
D'otages à amis proches
Mais cette lente reconstruction ne s'est pas faite en solitaire : un fort lien d'amitié s'est noué entre David Fritz Goeppinger et les 11 personnes qui étaient elles-aussi otages du Bataclan. "C'est un groupe hyper important" au nom évocateur : "les potages. Parce qu'on est potes et otages", explique-t-il.
"C'était ça le plus important [dans la reconstruction], c'était de créer une relation forte et de nouveaux souvenirs bien plus forts et bien plus humains que ceux du 13 novembre 2015", explique-t-il. Et de résumer : "Ce soir-là on s'est tous serrés les coude et aujourd'hui on a du mal à se lâcher les uns les autres."