Agressé par une bande de vingt personnes, Romain est devenu paraplégique. Treize ans après les faits, il revient sur cette agression qui l’a laissé handicapé au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1. Il raconte comment il parvient à surmonter son handicap par l’écriture qui lui permet de libérer ses souffrances. Il travaille actuellement sur un troisième ouvrage. Il partage à Olivier Delacroix les maximes qui l’aident à avancer et confie que cette agression l’a enrichi.
"J’ai 44 ans. Je suis devenu paraplégique à la suite d’une agression. Je suis tombé sur une bande. Vingt gars me sont tombés dessus. J’étais avec ma copine. J’étais devant une petite fille, l’un d’eux m’a traité de pédophile. Il y a eu une altercation et je me suis retrouvé paraplégique. J’ai été en réanimation. J’ai des barres de fer dans la colonne vertébrale pour me maintenir droit. Ça va faire treize ans.
" L’écriture, c’est une libération des souffrances "
Comme je ne peux plus faire l’amour, j’utilise des subterfuges, des moyens de m’éclater autrement. Ce peut être par l’esprit ou le dialogue. Quand on écoute une musique, elle nous parle. Tout est prétexte à vivre, vivre heureux si possible. J’ai une maxime : "Bien heureux celui qui a appris à rire de lui-même, parce qu’il n’a pas fini de s’amuser". J’ai une autre maxime : "Il est plus facile d’être esclave que d’être maître de soi ". Je trouve ça très joli.
J’écris un peu, je ne suis pas un professionnel. L’écriture, c’est majeur. C’est une libération de l’esprit, c’est une libération des souffrances. J’ai beaucoup de phrases qui me permettent de me retrouver. J’ai écrit un recueil et un roman. C’est déjà bien, mais j’aimerais aboutir à un troisième livre. J’essaye de trouver des idées pour un futur texte, je pêche dans tous les coins. Je n’ai aucune envie de vendre mes textes, je les garde pour ma famille et mes amis.
Plus on s’écarte de l’intime, des vraies relations psychologiques, plus on s’éloigne d’une forme de vérité, on s’éparpille. Le vrai plaisir, c’est d’avoir un accompagnement intellectuel. J’ai subi cette agression, mais elle m’a beaucoup apporté. Elle m’a enrichi. Je pense que la fatalité n’est pas mal en soi. Toute ma vie j’ai pardonné au sujet de beaucoup de situations terribles que j’ai vécues. Ça ne sert à rien de juger les gens à l’emporte-pièce. Ça n’apporte qu’un mépris supplémentaire, ce n’est pas enrichissant.
Je n’utilise pas les fauteuils roulants légers. J’ai un fauteuil très lourd, ça me permet de me maintenir en forme. J’ai fait des passages en psychiatrie parce que je n’ai toujours pas compris la réalité. Pour moi, il n’y avait pas de logique. J’ai cherché une logique à une situation qui me paraissait inadéquate. J’ai été diagnostiqué bipolaire. J’ai pris beaucoup de médicaments pour dormir. Actuellement, ça va beaucoup mieux. Je prends des somnifères légers. Les médicaments, ça détruit l’organisme."