L'usine Sanofi à Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, arrêtée début juillet après la révélation de rejets toxiques hors norme, a repris totalement sa production lundi, y compris celle de valproate de sodium, sous des contraintes environnementales accrues, ont annoncé l'entreprise et les autorités.
Le redémarrage de la production de valproate (base de médicaments, anti-épileptiques et antidépresseurs notamment) a été autorisé par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques après une étude d'évaluation, qui a montré "des niveaux de risque très inférieurs à la valeur de référence pour les populations riveraines", selon la préfecture.
Les mesures réalisées par Sanofi, ainsi qu'un contrôle inopiné de l'inspection des installations classées (Dreal), confirment que "l'ensemble des émissions est conforme aux limites fixées", ajoute la préfecture dans un communiqué. Un avis de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), daté du 31 août, montre que Sanofi-Chimie "a répondu à l'ensemble des questions posées" par un arrêté de juillet, ajoute la préfecture.
Des seuils de toxicité revus à la baisse. Cet arrêté fixait des conditions de redémarrage du site, notamment des seuils de toxicité du valproate revus à la baisse, à la lumière de recommandations de l'Anses (Agence nationale de sécurité de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Par contre, les résultats de l'évaluation "ne permettent pas de conclure à l'absence de risques pour les travailleurs, dans un rayon de l'ordre de 50 mètres autour de la source de rejet", souligne la préfecture. L'Ineris recommande donc que "le plan de surveillance renforcé de l'environnement, en particulier dans la zone qui concerne les travailleurs, soit rapidement mis en oeuvre".
Une reprise partielle le 13 août. Le 9 juillet, Sanofi sous pression avait annoncé l'arrêt immédiat du site de Mourenx, qui produit notamment l'anti-épileptique Dépakine -lui-même au cœur d'un scandale sanitaire-, après révélation dans les médias de rejets toxiques hors norme, bromopropane et valproate de sodium en particulier. L'activité du site avait été autorisée à reprendre partiellement dès le 13 août après des améliorations techniques. "La reprise de l'activité s'accompagne du suivi en continu des paramètres de production", avec des analyses sur le site et ses alentours réalisées par des laboratoires indépendants et dont les résultats sont "régulièrement communiqués aux autorités", a assuré Sanofi dans un communiqué.
Un "fait accompli". L'association locale de défense de l'environnement Sepanso 64 s'est dite lundi choquée par l'annonce du redémarrage, un "fait accompli", alors qu'un comité de suivi du site devait se réunir mercredi, même si son avis n'est que consultatif. "C'est nous qui avions relevé les rejets massifs toxiques de Sanofi et la préfecture ne nous tient pas au courant des travaux effectués, nous venons de recevoir le communiqué de la préfecture pour une reprise le même jour", a pour sa part déploré Solenne Demonet, en charge des risques industriels à France Nature Environnement (FNE).
La justice a été saisie. Sepanso 64, FNE et une association de riverains ont saisi la justice à la suite de cette affaire. Le parquet de Pau s'est dessaisi en juillet de la procédure visant Sanofi, pour infraction à la législation sur les installations classées, au profit du Pôle santé publique du parquet du tribunal de grande instance de Paris.