La crise sanitaire du Covid-19 frappe de plein fouet la jeune génération. Peu de perspectives sur le marché du travail, vie étudiante chamboulée, isolement... les jeunes font face à une dégradation de leurs conditions de vie. Mais ils n’ont pas pour autant fait une croix sur leurs engagements, bien au contraire. Ils ont besoin de se sentir utile et leur investissement prend des nouvelles formes.
50% de volontaires en plus dans les associations de soutien scolaire
Le soutien scolaire a par exemple explosé ces derniers mois, avec 50% de volontaires en plus depuis le début de la crise dans les associations. Une augmentation colossale. Amélie, 22 ans, fait partie de ces jeunes volontaires. Deux heures par semaine, elle donne des cours à un petit garçon de 10 ans en CM2 dont les parents ne parlent pas bien le français.
Elle prend du temps pour lui faire faire ses devoirs et ce moment lui fait beaucoup de bien : "forcément, on se sent plus utile. Si j’étais à sa place, j’apprécierais qu’on fasse ça pour moi. C’est structurant aussi pour nous parce qu’on se dit : 'Tel jour, j’ai ça', au moins c’est chouette, ça fixe un peu un cadre dans une période où on perd le sens du temps, le sens de voir des gens", confie-t-elle à Europe 1.
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Une expérience utile aux autres
Selon une enquête menée par l’Association de la fondation étudiante pour la ville auprès de ces jeunes qui donnent des cours, 70% d’entre eux assurent que cet engagement leur permet de mieux traverser cette période incertaine.
Vivre une expérience qui a du sens tout en étant utile aux autres, c’est aussi ce qui anime beaucoup de jeunes engagés dans le service civique, un contrat de six à 12 mois, et de 24 heures par semaine avec une mission d’intérêt général. Chaque année, il y a 145.000 places. En juillet dernier, dans le cadre du plan de relance, Emmanuel Macron a annoncé 100.000 places supplémentaires.
"On voit leur besoin de nous avoir au quotidien"
Dans le cadre de ce service civique, de plus en plus de jeunes s’engagent pour aider des personnes âgées, comme Camille, 22 ans, qui rend visite à domicile à des personnes isolées et âgées de plus de 65 ans. "On joue avec eux, on fait de la cuisine, on les aide avec leurs difficultés sur internet. On voit vraiment leur besoin de nous avoir au quotidien. C’est super important, on se sent vraiment super utile", confie la jeune femme qui vit à Hazebrouck, dans le Nord. Selon les chiffres d’Unis-Cité, l’association qui trouve des points de chute pour les jeunes en service civique, il y a actuellement trois demandes pour un poste, preuve que les jeunes ont envie d’aider leurs aînés.
En 2020, 47% des jeunes ont défendu une cause sur internet
L'engagement des jeunes se tourne donc vers des actions concrètes, mais il y aussi un engagement politique, plus symbolique, à travers de très nombreuses pétitions. Certes, les jeunes boudent les urnes, mais 47% d’entre eux ont signé une pétition ou défendu une cause sur internet en 2020, selon le baromètre de la Direction de la jeunesse, soit 11 points de plus qu’il y a cinq ans.
Les thèmes d’engagement sont variés : sexisme, pauvreté, inégalités ou encore environnement. Par exemple, la fameuse "Affaire du siècle" a particulièrement mobilisé les jeunes. Au départ, c’est une pétition qui a recueilli plus de deux millions de signatures et qui s’est terminée la semaine dernière par une condamnation de l'Etat pour inaction climatique. Un quart des signataires de "l’Affaire du siècle" ont moins de 25 ans. L’engagement de la jeunesse est là aussi guidé par deux moteurs : une quête de sens encore plus importante pendant cette crise sanitaire, et le sentiment d’avoir des résultats immédiats, bien loin des engagements politiques qui leur paraissent bien peu concrets.