"Ils nous l'ont détruite." Jeudi, jour des obsèques de Christine Renon, cette directrice qui s'est donné la mort dans son école à Pantin (Seine-Saint-Denis), des milliers de manifestants sont venus protester jeudi devant les locaux de l'Education nationale à Bobigny.
Conditions de travail "exécrables"
Ce qui devait être un hommage s'est transformé en cri de colère. "Nous sommes tous et toutes Christine Renon", affirme Laurence, professeure des écoles, un bouquet de fleur à la main. "On est sous pression de l'institution de manière permanente, on subi un management infernal", poursuit-elle. "On peut tous se reconnaître dans la lettre de Christine. Nos conditions de travail sont exécrables, c'est pour ça qu'on a du mal à recruter en Seine-Saint-Denis. Le geste qu'elle a fait, tout le monde pourrait le faire", confie Isabelle, enseignante en maternelle à Clichy-sous-Bois, tremblante.
"Dictature du chiffre"
Lundi 23 septembre au petit matin, la gardienne de l'école Méhul a découvert le corps de cette femme de 58 ans dans le hall de l'établissement. Deux jours plus tôt, juste avant de se donner la mort, cette directrice décrite comme "hyper investie" avait pris le soin d'adresser à une trentaine de ses collègues une lettre de trois pages où elle détaillait "son épuisement", la solitude des directeurs, l'accumulation de tâches "chronophages", les réformes incessantes et contradictoires.
"C'est la lettre qui m'a bouleversée", explique Grégoire, enseignant en élémentaire à Aulnay-sous-Bois, venu avec son épouse, également professeure des écoles, et leurs deux jeunes enfants. "C'est quelqu'un dont on sent l'engagement, l'énergie qui a été déployée. Il n'y a même pas de colère", dit-il, tout en dénonçant "la dictature du chiffre qui règne dans l'Education nationale" et le "court-termisme" des politiques.
Les manifestants se sont donné rendez-vous samedi matin pour une marche blanche entre la mairie de Pantin et l'école maternelle où Christine Renon s'était donnée la mort.