"Différents facteurs conduisent à l'obésité, c'est un tout." Mercredi, au micro d'Élisabeth Levy sur Europe 1, Anne-Sophie Joly, la présidente du Collectif national des associations d’obèses, tente de décrypter les causes de l'augmentation de la surcharge pondérale des jeunes Français. Selon une étude de la Drees, le service statistique des ministères sociaux, menée en 2016 et 2017 auprès de 7.200 élèves et dévoilée mercredi, 18,2% des adolescents en classe de 3ème sont en en effet en surcharge pondérale, dont plus d'un quart (5,2%) sont obèses, contre respectivement 17% et 3,8% en 2009 et 15,8% et 3,5% en 2001.
"Quoi qu'on en dise, le premier facteur est génétique", pointe Anne-Sophie Joly. "Un enfant dont l'un des deux parents a un problème de poids a 40% de risque d'avoir des problèmes de poids. Le risque grimpe à 80% quand les deux parents sont en surcharge pondérale."
24% des enfants d'ouvriers sont en surcharge pondérale contre 12 % des enfants de cadres
Le milieu socioculturel est un autre facteur important d'obésité. Près d'un quart des enfants d'ouvriers (24%) sont aujourd'hui en surcharge pondérale et 8% sont obèses, contre respectivement 12% et 3% des enfants de cadres, selon les chiffres de la Drees. "Les familles font ce qu'elles peuvent pour pouvoir payer leurs factures avec les salaires qu'elles ont. Pour alimenter un estomac qui a faim avec peu d'argent à leur disposition, elles se tournent souvent vers les produits de première nécessité qui sont les moins bons et qui sont plus sucrés, plus salés, plus gras…", constate la présidente du CNAO.
"Sans accompagnement, vous allez au casse-pipe"
L'aspect psychologique, la sédentarité, mais aussi la tendance des régimes entrent aussi en ligne de compte, estime Anne-Sophie Joly. "Ce sont des régimes qui sont faits tout seul, via la télévision, des bouquins. Or, ces régimes qui ne sont pas accompagnés par des professionnels de santé en équipe pluridisciplinaire sont des fabricants d'obèses. Sans accompagnement, vous allez au casse-pipe. Ce qui va maigrir, c'est surtout votre compte en banque", dénonce-t-elle.
Pour les parents qui s'inquiètent du surpoids de leur enfant, la présidente du CNAO conseille de faire appel à l'un des 37 centres spécialisés obésité qui ont été créés en lien avec le ministère de la santé. "Ils ont tous des équipes pluridisciplinaires qui sont formées pour s'occuper des enfants, des jeunes adultes et des adultes."