Pour tous, la journée a été "éprouvante" et "douloureuse". Les mots choisis par Alain Jakubowicz, l'avocat de Nordahl Lelandais, sont prononcés quelques minutes seulement après la découverte des premiers restes du corps de Maëlys, neuf ans. Il est 18 heures passées et le conseil suit son client depuis l'aube. En l'espace de quelques heures, l'enquête qui semblait dans l'impasse depuis fin août et la mise en examen du suspect, obstiné à nier, a connu une soudaine accélération : l'homme de 34 ans est passé aux aveux. Retour sur une journée décisive.
"Il souhaite être entendu au plus vite". Mardi après-midi, Me Jakubowicz consulte, comme il le fait régulièrement, le dossier de son client. Incarcéré depuis fin août, Nordahl Lelandais a jusque là présenté des explications pour chacun des lourds éléments pesant contre lui, sans vraiment convaincre les gendarmes. L'ancien maître-chien ne craque pas. Mais en lisant les nouvelles pièces recueillies par les enquêteurs, l'avocat trouve une preuve de taille : une tache de sang, découverte sous les tapis de sol de la voiture de son client, méticuleusement désossée. Les analyses prouvent qu'il s'agit de celui de Maëlys, dont le corps reste introuvable.
" Le rôle d'un avocat est d'accompagner son client dans la recherche de la vérité "
"Le dossier n'est alors plus le même", explique Me Jakubowicz. Le conseil se rend immédiatement à la maison d'arrêt où est détenu son client. "Le rôle d'un avocat n'est pas d'obtenir des aveux de son client, mais le rôle d'un avocat est aussi d'accompagner son client dans la recherche de la vérité", soufflera-t-il, sans communiquer la teneur précise de leur échange. Lorsque les deux hommes se quittent, l'avocat a reçu des consignes claires : Nordahl Lelandais veut avancer la date de son audition par les juges d'instruction, prévue une semaine plus tard. "Il souhaite être entendu au plus vite."
"Il y a une sorte de moment de rédemption". Tôt le lendemain matin, le suspect est extrait de sa cellule. Au palais de justice de Grenoble, il s'effondre. "En pleurs", "totalement anéanti", il indique avoir tué Maëlys "involontairement" et s'être "débarrassé" du corps. Ses premiers mots sont pour la fillette et ses parents, à qui il présente des "excuses". "Il y a une sorte de moment de rédemption. Ce n'est pas toujours facile de dire la vérité, mais c'est toujours libérateur", dira Me Jakubowicz. L'homme refuse de donner des détails sur les circonstances de la mort. Il veut d'abord que le corps soit retrouvé et dit qu'il s'exprimera ultérieurement.
" La configuration des lieux est extrêmement différente entre une fin de mois d'août et un début de mois de février "
Escorté par sept véhicules de gendarmerie, dont celui de l'identification criminelle, Nordahl Lelandais guide alors les enquêteurs. D'abord sur un terrain proche du domicile de ses parents, sur la commune de Domessin, où il dit avoir déposé le corps dans un premier temps. Puis dans le massif de la Chartreuse, près du village de Saint-Franc, où il l'a ensuite déplacé. "Mais la configuration des lieux est extrêmement différente entre une fin de mois d'août et un début de mois de février enneigé", notera son avocat, présent lors des fouilles. Le suspect peine à reconnaître la zone, par ailleurs difficilement accessible en raison de la neige.
Un crâne d'enfant et un ossement. Face à des interlocuteurs "sceptiques", Nordahl Lelandais cherche ses marques. La route est déneigée et les juges d'instruction, également dépêchés sur place, doivent la monter à pied. Soudain, c'est le "déclic". À plusieurs reprises, le suspect reconnaît la même zone. Les chiens spécialisés dans la recherche de restes humains y sont lancés et trouvent un crâne d'enfant, puis un premier ossement. Chez les différents protagonistes présents lors de ces recherches, l'émotion est palpable. Si de nombreuses zones d'ombre demeurent quant aux circonstances de sa mort, l'affaire de la disparition de Maëlys vient de connaître son épilogue.