L'Université de Lorraine s'apprête à ouvrir une enquête administrative après avoir été alertée sur des échanges de propos et de vidéos racistes entre des étudiants, a indiqué samedi le directeur de la communication de l'université David Diné. "Nous avons été alertés hier par les réseaux sociaux sur le fait qu'un groupe privé Messenger (la messagerie de Facebook, NDLR) d'étudiants en sociologie à Metz était apparemment un déversoir de propos et de vidéos racistes se moquant des étudiants et d'enseignants noirs", a-t-il expliqué.
Des photos avec des commentaires racistes
Trois jeunes filles blanches de 19 ans prenaient notamment en photo les étudiants et les intervenants noirs pendant les cours en amphi, et publiaient les photos dans le groupe en ajoutant des commentaires racistes. Même si "deux ou trois étudiants" seulement feraient partie du groupe incriminé, l'université va très prochainement "diligenter une enquête interne administrative" en vue d'une éventuelle plainte, considérant la situation "assez grave pour interroger la communauté universitaire". Toujours selon David Diné, l'affaire a été révélée "à l'occasion d'une sortie, quand une jeune fille a pris des captures d'écran des conversations de ce groupe et les a postées sur les réseaux sociaux".
Des étudiantes de L2 en sociologie de l’université de Metz ont créer un groupe Facebook afin de ce moquer des noirs de leur classe. RT au Max. On va faire en sorte que tout le monde soit au courant de cette histoire et qu’elles soit renvoyés avant les partiels ! pic.twitter.com/YM63W1s7F0
— ♀️ (@Yanoou_) 26 avril 2019
"Ils prennent les Noirs en photo, en nous traitant de singe, en disant qu'on a des poux (...) en mettant des émojis singes, en disant qu'on pue. On a un ami, dès qu'il s'approche d'eux, ils sortent leur parfum", a témoigné la jeune femme sur Twitter. "On s'est pas laissés faire, on s'est expliqué, et ils ont eu comme excuse bidon de dire que c'était de l'humour. À quel moment tu peux rigoler sur la couleur de peau de quelqu'un ?", s'interroge-t-elle.
MAJ: Certains étudiants ont décidé de vous faire cette petite vidéo afin de mettre les choses au clair. Merci pour votre soutien ! Merci Twitter ! pic.twitter.com/jFUdxywC7v
— ♀️ (@Yanoou_) 26 avril 2019
Une affaire devenue virale
Dans un tweet posté vendredi soir alors que cette affaire devenait virale sur les réseaux sociaux, l'université a "condamné la gravité des actes racistes dont elle a pris connaissance (...) commis sur les réseaux sociaux par des étudiant.e.s.". Une "enquête interne sera instruite avec la plus grande fermeté", a-t-elle ajouté.
@Univ_Lorraine se mobilise au quotidien contre toutes formes de discriminations. Elle condamne la gravité des actes racistes dont elle a pris connaissance aujourd’hui commis sur les réseaux sociaux par des étudiant.e.s. Enquête interne sera instruite avec la plus grande fermeté
— Université Lorraine (@Univ_Lorraine) 26 avril 2019
Le syndicat étudiant UNEF Lorraine a appelé dans un communiqué "la communauté universitaire (à) apporter des réponses fermes face à de tels actes" qu'il "condamne et dénonce fermement". On ne sait pas encore si l'université va porter plainte. C'est ce que ces étudiants ont essayé de faire avec l'aide d'un avocat, mais les policiers ont refusé dans un premier temps de prendre une action collective et les ont invité à déposer plainte individuellement.