Son air hagard à la sortie du terrain, le 13 novembre dernier, avait marqué les esprits. Comme ses coéquipiers de l'équipe de France, tout juste vainqueurs de l'Allemagne en match amical (2-0), Christophe Jallet avait appris dès la sortie de la pelouse le drame qui s'était noué dans les rues de Paris et de Saint-Denis, en cette funeste soirée d'automne.
Un peu plus de quatre mois plus tard, les Bleus et le défenseur de l'OL sont de retour dans l'enceinte dionysienne, où ils doivent affronter la Russie, mardi soir. "Il n'y a pas d'appréhension. A l'époque (le 13 novembre, ndlr), on avait vécu les choses difficilement, quasiment de l'intérieur, parce que ça s'était passé à côté de nous. Mais la vie reprend son cours", a insisté Jallet, dimanche, en conférence de presse. Le 13 novembre, trois terroristes s'étaient fait exploser à proximité du stade après avoir essayé d'y pénétrer. Une personne était morte et une dizaine d'autres avaient été sérieusement blessées. Les joueurs avaient dû attendre un long moment avant de quitter les coursives du stade.
"Ça nous touchera de revenir". "Avant d'être sportif, on est des êtres humains. Ca nous touchera de revenir", a confirmé l'attaquant des Bleus, Olivier Giroud. "Il faudra rendre hommage aux victimes des attentats en gagnant, devant je l'espère de nombreux spectateurs. Depuis les attentats du 13 novembre, il y a eu aussi d'autres malheurs dans le monde, en Turquie, en Belgique, et j'en passe. C'est la plaie de nos jours. Il faut qu'on la combatte tous ensemble."
Près de 400 policiers mobilisés. Pour ce retour des Bleus du foot au Stade de France, le dispositif de sécurité a été calqué sur celui mis en place à l'occasion du Tournoi des Six Nations. Concrètement, et comme ce fut le cas quand le XV de France avait reçu l'Italie, l'Irlande puis l'Angleterre, un pré-filtrage, avec inspection visuelle des sacs et ouverture des manteaux, sera réalisé par des agents de sécurité privés appuyés par des policiers, avant le premier périmètre habituel, avec palpation et contrôles des billets et des sacs. Près de 400 policiers seront mobilisés au total, un nombre plus important que pour un match de rugby, avec un contrôle renforcé des parkings et des abords du stade. Les parcours entre les gares et le Stade de France ainsi que les rames, sur les liaisons RER B et RER D, qui desservent l'enceinte, seront également particulièrement surveillés.
La Russie, acteur majeur du conflit syrien. "Il y avait déjà des dispositions prises au Stade de France", a insisté le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët. "Malgré ce qui s'est passé le 13 novembre, on peut considérer que le stade était déjà protégé. Donc les nouvelles mesures protègent davantage. Est ce qu'il faut faire plus ? Je ne le crois pas." Le fait que l'adversaire de mardi soir soit la Russie, acteur majeur du conflit en Syrie et soutien du président Bachar Al-Assad contre le Groupe Etat islamique, ajoute un degré supplémentaire de tension.
Cette rencontre placée sous haute surveillance intervient à deux mois et demi du match d'inauguration de l'Euro, entre la France et la Roumanie, prévu le 10 juin prochain, toujours au Stade de France. A cette occasion, le dispositif de sécurité sera encore revu à la hausse, avec, comme l'explique le quotidien Le Parisien dans son édition de mardi, une entrée dans le périmètre du stade limitée à quatre accès et l'édification d'un mur de 2,40 m de haut autour du parvis du stade.