En déballant son cadeau de Noël, lundi au siège de l'UEFA, le Paris Saint-Germain n'a pas très bien su comment réagir. Le soulagement a d'abord gagné les rangs quand le nom de l'Atlético de Madrid, véritable repoussoir à l'aune de ces huitièmes de finale de la Ligue des champions, a été tiré. Quelques instants plus tard, les mines se sont faites plus dubitatives quand c'est finalement celui de Manchester United qui est sorti.
Deux mois séparent désormais les champions de France de leur prochain rendez-vous européen, prévu le 12 février à Old Trafford (match retour le 6 mars, au Parc des Princes). Deux mois durant lesquels reviendra sans doute à plusieurs reprises cette question : Manchester United, est-ce un si bon tirage que ça pour le PSG ?
Oui : "Cette saison, les Red Devils n'ont pas le diable au corps"
Par Julien Froment, journaliste à Europe 1
"Manchester United, c’est certes un nom ronflant, une histoire, un stade mythique… Mais cette saison, les Red Devils n'ont pas le diable au corps. Tout d'abord, José Mourinho, leur entraîneur, n’a plus rien du 'Special One'. Ses choix sont décriés, ses décisions incomprises, à l'image de la mise au ban de Paul Pogba, et ses résultats ne sont guère reluisants en Premier League, où les Mancuniens pointent à 11 points de la quatrième place, qualificative pour la Ligue des champions.
Et puis, l'entraîneur parisien Thomas Tuchel a beau argué que Paris n’est pas "favori", que le club "n’a pas l’expérience des quarts, des demies et des finales" de Ligue des champions, cette saison le PSG a quelque chose en plus. Ses deux matches contre Liverpool au Parc des Princes (2-1) et à Belgrade (4-1) l’ont prouvé. Les Parisiens sont désormais polymorphes, tant dans leur façon de jouer (possession, contre-attaque, contre-pressing) que dans leur disposition (défense à 4 ou à 3). Un atout considérable pour défier Manchester United.
Alors oui, l’aller est à Old Trafford, oui il est difficile de jouer et de gagner là-bas. Aucune formation française ne s’y est d'ailleurs encore imposée, mais Paris a triomphé dans le Marakana serbe, qui venait pourtant d'accueillir une série de 32 matches sans défaite. L’attaque du PSG, la meilleure des phases de poules de la C1, carbure à plein régime : Neymar, Mbappé et même Cavani parviennent à se trouver quasiment les yeux fermés. Au milieu, Marquinhos devient un incontournable dans un poste qui n’était pas le sien, celui de milieu défensif. Derrière, la défense est redevenue imperméable. Et dans les buts, c’est le choix du roi entre Areola et "Gigi" Buffon. Tout ce beau monde n'aura aucune sympathie pour les Diables rouges.
Non : "Méfions-nous de l'eau qui dort"
Par Thibauld Mathieu, journaliste à Europe1.fr
"Manchester United, c'est ce petit livre d'une centaine de pages que votre mère vous offre à Noël, et dont la quatrième de couverture donne assez envie. Sauf qu'en l'ouvrant, vous vous rendez compte que les mots sont vraiment écrits en tout petit. Bref, un cadeau qui fait plaisir. Puis qui donne la migraine.
Si ce n'est pas le pire tirage pour Paris, c'est en effet loin d'être le meilleur. "Ça reste un grand d'Europe, une équipe prestigieuse", n'a pas manqué de rappeler Zoumana Camara, l'entraîneur-adjoint du PSG, immédiatement après la cérémonie. Et d'ajouter, surtout : "Même si, en ce moment, ils sont un peu en difficulté en championnat, ils ont le temps de redresser la barre pour février ou mars. L'équipe qu'on voit en ce moment ne sera pas forcément l'équipe qu'on verra à ce moment-là".
Car un géant reste un géant, quoi qu'on en dise. L'année dernière, au même stade, le Real Madrid s'avançait grippé à l'heure d'affronter les Parisiens. Résultat ? Une élimination la tête basse pour les partenaires de Neymar et une troisième Ligue des champions au bout pour les Madrilènes.
Certes, la comparaison a ses limites, mais les Red Devils ne manquent pas non plus d'atouts : Paul Pogba, Anthony Martial, Romelu Lukaku, Alexis Sanchez ou le gardien David De Gea... Autant de joueurs qui peuvent faire la différence sur un match, même si aucun ne s'est encore montré indispensable cette saison. À défaut, ils ont déjà prouvé qu'il fallait toujours se méfier de l'eau qui dort. En phases de poules, complètement arc-boutés en défense face à la Juventus de Cristiano Ronaldo, les Mancuniens étaient revenus d'Italie auréolés d'une victoire inespérée (2-1). La chance avait évidemment été de leur côté, avec un but contre son camp en fin de match, mais la rencontre avait tout eu du coup tactique parfait : les hommes de José Mourinho avaient totalement fermé le jeu, jouant leurs rares coups en contre. Pas vraiment le style de jeu qui correspond aux Parisiens.
L'entraîneur portugais le sait mieux que personne, lui qui les a déjà affrontés à deux reprises avec Chelsea. La première fois, il avait réussi son pari. La deuxième, non. Cela n'avait pas pour autant été une partie de plaisir pour le PSG…"