Le temple du tennis tricolore va enfin pouvoir vibrer de nouveau. La 123e édition du mythique tournoi de Roland-Garros va débuter le lundi 20 mai sur la terre battue de la porte d'Auteuil. Une édition d'ores et déjà exceptionnelle, puisqu'elle sera la dernière de Rafael Nadal, véritable maître des lieux avec 14 titres glanés sur l'ocre parisienne. Cette cuvée 2024 est donc l'ultime chance de voir évoluer le roi de la terre ocre parisienne. De quoi ravir les chanceux qui prendront place sur les courts Philippe-Chatrier, Suzanne-Lenglen ou encore Simonne-Matthieu qui accueilleront les meilleurs matches de la quinzaine. L'occasion de se pencher sur ces trois personnalités qui ont marqué de leur empreinte le tennis tricolore.
Philippe Chatrier, le visionnaire
L'ancien Court Central de Roland-Garros porte, depuis 2001, le nom de Philippe Chatrier, ancien journaliste devenu acteur majeur de la petite balle jaune dans l'Hexagone. Honnête joueur de tennis - il remporte un titre de champion de France en 1945 - il crée la revue Tennis de France en 1953 dans laquelle il exprime ses opinions parfois tranchées sur l'évolution de son sport favori. Il est notamment l'un des précurseurs de l'ère open, autrement dit l'ouverture de l'ensemble des tournois du Grand Chelem à tous les jours professionnels ou amateurs.
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Son nom finit par résonner dans l'univers tennistique et Philippe Chatrier enfile à la fin des années 1960 le survêtement de l'équipe de France de Coupe Davis dont il devient le capitaine entre 1969 et 1972. S'ensuivent deux décennies (1972-1993) à la tête de la Fédération française de tennis (FFT) au sein de laquelle il œuvre pour le développement et l'agrandissement du complexe de Roland-Garros. Avec la construction du court Suzanne-Lenglen et la retransmission du tournoi à la télévision, le tournoi se dote alors d'une véritable stature à l'échelle mondiale.
Enfin, c'est à Philippe Chatrier, également patron de la fédération internationale de tennis, que l'on doit le retour de ce sport au programme des Jeux olympiques de Séoul en 1988, mettant fin à 64 années d'interruption. Il meurt à Dinard en Bretagne le 23 juin 2000, laissant derrière lui un héritage que le tennis français et international ne saurait lui renier.
Suzanne Lenglen, la "divine"
Au fil de son histoire, le tennis féminin a vu défiler une multitude d'icônes, de Margaret Smith-Court à Steffi Graff en passant par Chris Evert, Martina Navratilova ou encore Serena Williams. Mais la pionnière s'appelait Suzanne Lenglen. Première joueuse professionnelle de l'histoire de son sport, la "divine" remporte quatre titres de championne de France ainsi que les deux premières éditions de Roland-Garros dans les années 1920.
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Quatre fois vainqueur à Wimbledon, championne olympique aux Jeux d'Anvers en 1920, peu d'adversaires lui résistent sur le terrain. Et en dehors, sa personnalité fougueuse et affranchie révolutionne le tennis féminin. D'un point de vue vestimentaire d'abord, puisque c'est elle qui introduit la jupe courte sur les courts de tennis, mais aussi institutionnel. Au crépuscule de sa carrière, elle crée en 1927 une école de tennis qui servira, quelques années plus tard, de centre d'entraînement pour la FFT. Décédée d'une leucémie foudroyante en 1938, elle affiche, depuis 1997, son nom au sommet de l'ancien "Court A" de Roland-Garros pouvant accueillir 10.000 spectateurs.
Simonne Mathieu, la résistante
Née à Neuilly-sur-Seine en 1908, Simonne Mathieu s'inscrit comme la digne héritière de Suzanne Lenglen. Meilleure joueuse française au milieu des années 1930, elle remporte à deux reprises Roland-Garros en 1938 et 1939 après six échecs en finale. Au sommet de son art, Simonne Mathieu voit son élan brisé par la Seconde Guerre mondiale qui s'apprête à déchirer l'Europe. La championne range alors ses raquettes et s'engage dans la Résistance aux côtés du général de Gaulle à Londres où elle constituera un corps féminin des volontaires françaises. Le 8 mai 1945, jour de la Libération, elle défile dans les rues de la capitale en tant que capitaine de l'armée française.
Simonne Mathieu (à gauche) aux côtés de la joueuse américaine Helen Jacobs
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Capitaine, elle le sera également sur les courts de tennis au sortir du conflit, en prenant la tête de l'équipe de France féminine de 1949 à 1960. Également présidente de la commission féminine de la Fédération française de tennis, elle s'impose dans l'univers de la petite balle jaune grâce à un caractère affirmé, forgé dans les forces de la Résistance. Simonne Mathieu meurt à Chatou dans les Yvelines le 7 janvier 1980 et donne son nom au troisième court le plus capacitaire de Roland-Garros, venu remplacer le court n°1 en 2019.