Triés, jetés, broyés. Tel est souvent le sort réservé, aujourd'hui, aux poussins mâles dans la chaîne de production des œufs. Face aux nombreuses polémiques qui visent régulièrement cette pratique, l'enseigne de grande distribution Carrefour et le producteur de volailles Loué, ont annoncé, lundi, s'associer pour développer une technique nouvelle consistant à déceler si l’œuf est celui d'une future poule pondeuse ou d'un futur coq.
Grâce à la spectrophotométrie, le sexe pourra en effet être différencié dans l’œuf, au treizième jour d'incubation, par le biais d'une caméra spéciale. Celle-ci détectera la couleur des toutes premières plumes de l'embryon du poussin à travers la coquille, et permettra alors de sélectionner les poules pondeuses avant leur éclosion. Si le test révèle la présence d'un embryon femelle, l’œuf sera gardé en incubateur. En cas de détection d'embryon mâle, l’œuf sera détruit.
Deux centimes d'euros en plus par œuf
La fin du broyage, oui, mais à quel prix ? Carrefour l'assure dans son communiqué, la prix de la boîte de six œufs, aujourd'hui vendue à 1,78 euros, passera à 1,89 euros lorsqu'il s'agira d’œufs ayant bénéficié de cette technologie, soit moins de deux centimes en plus par œuf.
Le partenariat entre Carrefour et Loué représentera au total 30.000 poules et sept millions d’œufs par an. Un chiffre modeste au regard des 40 millions de poules pondeuses élevées chaque année, et des 14 milliards d’œufs produits chaque année en France.
Alors que dans le pays, 50 millions de poussins sont broyés à la naissance chaque année, les ministres de l'Agriculture français, Didier Guillaume, et son homologue allemande, avaient affirmé leur volonté de mettre fin au broyage des poussins mâles, à l'horizon 2021, en promettant la mise en oeuvre de méthodes alternatives.