L'annonce est tombée jeudi : le géant chinois de la téléphonie s’implante en France. Huawei va lancer la construction d’une usine de matériel télécom à Brumath, près de Strasbourg. Une première hors de Chine pour le groupe, qui a choisi d'investir en France plutôt qu'ailleurs, où il est encore plutôt bien vu. Car ce n’est plus le cas aux États-Unis, où le géant chinois, soupçonné d’espionnage, est purement et simplement banni. Et ces derniers mois, plusieurs pays ont emboîté le pas de Washington et ont pris leurs distances avec Huawei, notamment le Royaume-Uni.
Des relations cordiales avec la France
L’entreprise a donc dû revoir sa stratégie, comme l’expliquait il y a quelques mois à Europe 1 Minggang Zhang, directeur général adjoint de Huawei France : "Dans cette situation, aujourd’hui, le marché européen devient un marché encore plus important, on peut dire presque vital même. Ça veut dire qu’il pourrait y avoir plus d’investissements en Europe et donc évidemment en France. Et ça pourrait se renforcer. Dans les domaines encore plus critiques, une partie de la technologie 5G est élaborée en France."
A LIRE AUSSI >> L'innovation Huawei : toujours plus loin
Et pourtant la France a aussi pris des mesures préventives. Les opérateurs télécoms ont par exemple interdiction de faire appel à Huawei pour construire leur réseau 5G. Mais malgré cela, les relations avec la France sont cordiales. "Bercy accueille nos investissements à bras ouverts", glisse-t-on chez Huawei. De fait, le géant chinois emploie 1.000 personnes sur notre territoire et ses achats auprès de fournisseurs français se montent à 800 millions d’euros.
Des emplois et de l'activité
A Brumath, l'annonce a été d'autant mieux accueillie que le groupe devrait à terme employer 500 personnes. "Je suis directrice dans un hôtel donc ça peut me ramener beaucoup de taux d'occupation, de restauration pour les formules déjeuner les midis", se réjouit cette habitante qui n'a que faire des polémiques autour l'entreprise chinoise, concernant notamment la 5G. "De toute manière, ce sera le progrès et il ne faut pas se rebiffer contre le progrès". Un autre, plus inquiet, tient tout de même à relativiser : "Est-ce-que les Chinois vont avoir l'emprise sur le monde ? C'est ça le risque, mais ce n'est pas à cause de cette usine sur Brumath que ça va chavirer".
Pour Claude Sturni, qui préside l'agglomération d'Haguenau et a piloté la candidature de Brumath pour ce projet Huawei, il ne faut pas en faire une question politique : "On ne discute pas le bien-fondé de l'implantation d'une usine d'armement ou d'une usine alimentaire. Ce sont des emplois, on en a besoin", avant de clore le sujet : "On n'est pas non plus en train de discuter d'un débarquement de Chinois totalement inconnus."