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Mort de Nahel : le parquet requiert un procès pour le policier auteur du tir et un non-lieu pour son collègue

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 2 min

Dans son réquisitoire définitif, le parquet de Nanterre réclame un procès pour homicide volontaire à l’encontre de Florian M., auteur du tir mortel contre Nahel, jeune homme de 17 ans tué à Nanterre après un refus d'obtempérer.

Selon les informations recueillies par Europe 1, le parquet de Nanterre vient de rendre son réquisitoire définitif dans l’affaire Nahel Merzouk, mortellement blessé lors d’un contrôle de police à Nanterre après un refus d’obtempérer le 27 juin 2023. Le ministère public requiert un procès pour homicide volontaire pour le policier auteur du tir et un non-lieu pour son collègue qui était témoin assisté dans la procédure. "L’accusation elle-même admet donc que rien ne peut lui être reproché, ce qui correspond à la stricte réalité du dossier", a réagi Me Pauline Ragot, avocate du collègue de l'agent auteur du tir. Par ailleurs, le parquet écarte la poursuite pour faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique.

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Nahel a été tué le 27 juin 2023 d'une balle tirée à bout portant par un policier motocycliste qui contrôlait le véhicule qu'il conduisait. Dans la foulée, une enquête pour meurtre avait été ouverte. Celle-ci s'est achevée le 2 août. Une première version policière, selon laquelle le jeune homme aurait foncé sur le motard, avait été infirmée par une vidéo amateur diffusée sur les réseaux sociaux.

Pas de "danger immédiat"

Au moment précis des faits, "alors que (le véhicule de Nahel) était bloqué dans le flot de la circulation, et même s'il tentait de redémarrer, il n'apparaît pas qu'il ait représenté un danger immédiat" pour les policiers, d'après le réquisitoire définitif consulté par l'AFP. "En réalité, selon toute vraisemblance, le déclenchement du tir s'explique essentiellement par l'état de tension extrême dans lequel la scène a eu lieu, mais précisément, en sa qualité de fonctionnaire de police expérimenté, (le policier) aurait dû conserver son sang-froid", poursuit le même document.

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"Pour la mère de Nahel, c'est un soulagement. Cette femme n'avait qu'une crainte, c'est que dans le combat qu'elle menait pour établir que son fils avait été tué volontairement, on arrive par je ne sais pas quelle opération à éviter une comparution devant la cour d'assises des policiers", a indiqué l'avocat de Mounia Merzouk, Me Frank Berton, à l'AFP. "Il n'y avait pas d'autre qualification envisageable dans cette affaire: le geste est volontaire et l'intention de tuer évidente", a-t-il souligné.

L'avocate d'autres membres de la famille de Nahel, Margot Pugliese, estime pour sa part que "la qualification de meurtre s'imposait". L'auteur du coup de feu mortel, Florian M., a été mis en examen pour meurtre et incarcéré pendant cinq mois, avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire. L'autre policier présent était lui placé sous le statut de témoin assisté.

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Versions contradictoires 

Une reconstitution des faits avait eu lieu le 5 mai 2024. En présence de leurs avocats, Florian M., son collègue présent ce jour-là et plusieurs témoins avaient été confrontés à leurs déclarations, notamment pour établir si le policier auteur du tir était en danger de mort. Après cette reconstitution faite à partir des récits des policiers et des témoins, un expert accidentologue "confirmait qu'aucune des versions n'était en totale adéquation avec ses constatations et analyses", selon le réquisitoire du parquet.

Les analyses écartent d'un côté des coups portés à Nahel par les policiers, comme les passagers et certains témoins l'avaient affirmé, mais aussi la mise en danger de ces derniers par le redémarrage de la voiture. Contacté, l'avocat du policier auteur du tir, Me Laurent-Franck Liénard, n'était pas joignable dans l'immédiat.

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Linda Kebbab, secrétaire nationale du syndicat de police Un1té, s'est dite "sidérée": "Quel policier peut imaginer possible de se retrouver renvoyé aux assises pour meurtre alors qu'il a pour seule boussole de rendre les rues plus sûres pour la population ?". Un juge d'instruction doit désormais décider si un procès doit ou non se tenir.