C’est la dernière étape en date d’une crise vieille de 20 ans. L’entreprise Duralex, connue de tous les écoliers pour ses verres, attend d’être fixée sur son sort après son placement en redressement judiciaire. Autrefois considérée comme "la tour Eiffel de la vaisselle", la société est surtout devenue, au fil des années, l’incarnation des difficultés de tout un secteur. Entre la crise énergétique et une concurrence exacerbée, produire du verre en France en étant rentable est devenu quasiment mission impossible.
D’abord à cause de l’envolée des prix de l’énergie ces dernières années. Or dans une filière très gourmande en gaz et en électricité, de telles dépenses sont tout simplement incompressibles.
"Le secteur a beaucoup moins de marges de manœuvre"
Pour produire du verre, il faut chauffer du sable dans des fours qui atteignent une température comprise entre 1.300 et 1.500 degrés. La crise a donc asphyxié des groupes comme Duralex. "Le coût de l’énergie, c'est plus de 30% dans le coût global, donc c’est vraiment un poids important qui a explosé avec la crise énergétique. Voilà pourquoi le secteur a beaucoup moins de marges de manœuvre pour pouvoir faire face", explique Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste chez BDO France.
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Cette situation est surtout venue porter le coup de grâce à une filière déjà en grande difficulté. Face à une forte concurrence internationale, notamment en Asie, les entreprises françaises ont dû progressivement rogner sur leurs marges pour tenter de rester compétitives.
"Un cocktail assez explosif"
"Aujourd’hui ces entreprises doivent rembourser à la fois le PGE (prêts garantis par l'État), les reports de charges sociales et fiscales accumulées pendant la période Covid, avec le paiement des charges courantes, une augmentation du coût des matières premières, faire face à une concurrence mondiale exacerbée. Ça crée un cocktail qui est assez explosif", décrypte Denis le Bossé. Celui qui préside un cabinet de recouvrement a vu ce genre de dossiers se multiplier ces dernières années.
Si bien qu’à plusieurs reprises, l’État a dû voler au secours d’une autre entreprise du secteur, le verrier Arc, qui connaît également des difficultés.