Il reste une semaine à la Grèce et ses partenaires, pas un jour de plus, pour conclure un accord détaillé, le faire ratifier, et trouver assez d'argent frais pour rembourser le FMI. Pour obtenir un nouveau prêt salvateur de 7,2 milliards d'euros de la part de ses créanciers, Athènes doit engager des réformes pour réaliser trois milliards d'économie en 2015. Le contenu des nouvelles propositions grecques n'a pas été officiellement dévoilé. Mais la presse grecque a déjà avancé plusieurs pistes : suppression des préretraites pour certains métiers, réduction du budget de l'armée, augmentation de la TVA ou encore fin du régime fiscal dérogatoire pour certaines îles.
>> Mais en attendant qu'une décision soit prise, une certitude : les Grecs vivent dans l'inquiétude. Europe 1 leur a passé le micro.
"Peur d'une vie plus difficile". Sortir ou ne pas sortir de l'euro, chacun à son avis. Et ses peurs qui vont avec. La sortie de la monnaie unique sera en effet très sérieusement envisagée si la Grèce n'obtient pas un nouveau prêt et ne rembourse pas sa dette envers le FMI, ce qui la placera en faillite. Et pour Helena, fonctionnaire, cela n'annonce rien de bon. "J'ai très peur de tout : peur de devoir changer de vie d'un moment à l'autre, peur que les banques ferment, de ne plus pouvoir retirer d'argent, de ne plus avoir accès aux mêmes choses avec la drachme (l'ancienne monnaie) et d'avoir une vie encore plus difficile". Si l'on sort de l'euro, "on aura une monnaie tellement dévaluée qu'aller voyager dans d'autres pays sera un rêve lointain. On vivra comme dans un pays communiste des années 30", renchérit Stravos, cadre dans la communication.
Pour Olga, patronne d'une entreprise de production cinématographique, cela ne fera qu'enfoncer les entreprises. "Les contrats sont faits en euro. Mes employés, si l'on sort de l'euro, comment je vais les payer"? Un emprunt bancaire sera remboursable en drachme. Cela représentera combien de taux d'intérêt supplémentaire ?", s'interroge-t-elle.
"Avec l'euro, il n'y a plus d'espoir". Mais pour d'autres, c'est rester dans l'euro qui est inquiétant. Car cela implique que la Grèce accepte les réformes d'austérité demandées par Bruxelles. Et cette austérité, Catherine, 55 ans, ancienne ingénieure dans le bâtiment et aujourd'hui femme de ménage dans une boîte de nuit, n'en veut plus. "Avec l'euro, il n'y a plus d'espoir. Avec la drachme, on reviendrait peut-être des années en arrière. Mais j'ai vécu des années difficiles. Cela ne me fait pas peur. Avec l'euro, on garde la dette. Et on ne pourra jamais rembourser cette dette", estime-t-elle.
L'austérité, une menace pour le tourisme ? Le risque, avec une nouvelle cure d'austérité, est en effet que l'économie du pays se retrouve un peu plus fragilisée. "Avec une nouvelle hausse de la TVA par exemple, le café passerait de 3 euros à 3,30 euros. Cela deviendrait un produit que les clients n'achèteraient pas, Grecs comme touristes", témoigne Chiara, qui tient un café près du Parlement à Athènes. Les touristes représentent 18% du PIB grec. Et nombreux sont ceux qui craignent un effondrement du secteur si la rigueur budgétaire se durcit. "Ce n'est pas une bonne idée. Le tourisme est le seul secteur fort en Grèce aujourd'hui. Si le coût du tourisme augmente, moins de touristes viendront en Grèce", prévient ainsi Georges Kanotis, ancien secrétaire d'Etat socialiste.
Reste que la Grèce n'a plus le choix, selon Théodore Sfortsakis, pour qui l'impacte sur le tourisme sera limité. "Les touristes ont les moyens d'absorber une hausse de la TVA. Il est nécessaire de dire que nous avons besoin d'argent en tant qu'Etat. Je ne pense pas que le tourisme en soit impacté", estime-t-il.
Une nouvelle réunion des ministres de Finances de la zone euro se tiendra mercredi. Avec encore une fois l'objectif de trouver un accord, et de mettre fin aux attentes du peuple grec.