Et si la réforme des retraites échouait à atteindre son objectif ? Promulgué dans la nuit de vendredi à samedi dernier, après trois mois de vive contestation sociale, le texte de loi pourrait ne pas assurer l'équilibre financier du régime de retraite à l'horizon 2030. C'est en tout cas ce que démontrent les travaux de l'institut d'études économiques Rexecode.
La réforme des retraites devrait ainsi rapporter un peu plus de 13 milliards d'euros par an à partir de 2030. Or, à cette date, le déficit des retraites excédera largement cette somme et le passage à 64 ans n'effacera qu'une partie de l'ardoise, selon Olivier Redoulès, directeur des études chez Rexecode. "On pense que le déficit après la mise en place de la réforme sera compris entre 7 et 20 milliards d’euros. Dans tous les cas on a un déficit persistant. Donc on a une réforme qui a un impact significatif mais qui ne suffit pas à combler totalement le déficit des retraites. Et donc on s’attend, au bout d’un moment, à remettre le sujet sur la table", explique-t-il.
Des estimations trop optimistes du gouvernement ?
Ce déficit plus important que prévu s'explique par les hypothèses retenues par le gouvernement dans l'étude d'impact de la réforme. À savoir, un taux de chômage de 4,5% et une croissance de 1,3%. "On a un problème de biais optimiste du gouvernement à cet horizon 2027, 2030. Avec des hypothèses sur la croissance et le chômage qui ne sont pas totalement invraisemblables mais en tout cas très optimistes", indique Olivier Redoulès.
De son côté, l'institut Rexecode préfère tabler sur un taux de chômage de 7% et une croissance de 1% à l'horizon 2030. Une conjoncture moins favorable, synonyme de recettes moindres dans les caisses du régime des retraites. Pour autant, l'institut Rexecode juge positif l'effet de la réforme des retraites sur la croissance et l'emploi. Elle permettrait à la France de gagner 1,1 point de PIB en 2030 et 300.000 emplois supplémentaires.