Sous la pression du gouvernement, les géants français de l'agroalimentaire ont accepté mercredi de rouvrir de manière anticipée les négociations avec les distributeurs, dans l'optique de faire baisser le prix des produits en rayon, dans un contexte d'inflation toujours très élevée. Convoqués mercredi matin à Bercy, les représentants de l'Ania, principale instance représentative du secteur, et de l'Ilec, qui porte la voix des industriels des grandes marques nationales, ont fait un pas dans le sens du gouvernement, qui leur réclamait depuis quelques semaines de revoir à la baisse le prix de vente de leurs yaourts, fromages ou pâte à tartiner aux supermarchés.
"On s'engage avant la fin du mois de mai à ce que 'le top 75', les 75 plus grandes entreprises en France de produits de grande consommation se remettent à la table des négociations", a indiqué à l'AFP le président de l'Ania, Jean-Philippe André, à l'issue de cette réunion avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, le ministre délégué à l'Industrie Roland Lescure et la ministre déléguée notamment au Commerce, Olivia Grégoire.
Des menaces brandies par le gouvernement
Parmi les 75 entreprises évoquées, seules celles ayant obtenu plus de 10% de hausse de leurs tarifs lors des dernières négociations seront obligées de revenir à la table, mais les autres pourront aussi le faire de leur plein gré. Le président de l'Ania s'est félicité de "cet engagement" qui permet "d'avancer". Chaque année, les prix des produits vendus aux supermarchés sont fixés à l'issue d'une période de négociation. Celle pour 2023, achevée le 1er mars, a abouti à une hausse moyenne d'environ 10% des prix payés par les enseignes aux industriels.
Ces derniers réclamaient depuis des mois des hausses de tarifs pour tenir compte de l'augmentation de leurs coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages...). Mais depuis, les coûts de certaines matières premières agricoles ou de l'énergie ont eu tendance à se stabiliser, voire à baisser. Le gouvernement demandait donc depuis quelques semaines des baisses de prix, et avait brandi la menace fiscale sur les "marges indues" des industriels si aucun geste n'était fait.
"Casser la spirale inflationniste"
Interrogé mercredi en marge d'un déplacement, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'est félicité de cet accord fraîchement trouvé: "C'est une excellente nouvelle pour les consommateurs", a-t-il affirmé aux journalistes présents. "Ça veut dire que les prix vont être renégociés à la baisse de manière anticipée, donc nous pouvons casser la spirale inflationniste - comme nous nous y sommes engagés - d'ici l'automne prochain sur les prix alimentaires", a-t-il fait valoir, "ça permettra d'accélérer la baisse des prix dans les supermarchés, dans les rayons, c'est une bonne nouvelle pour tout le monde".