Le dossier de l'écotaxe n'est toujours pas refermé. Frédéric Cuvillier, le maire socialiste de Boulogne-sur-Mer souhaite relancer le dispositif, abandonné par le gouvernement en 2014, dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. L'ancien secrétaire d'Etat aux transports a évoqué cette piste sur l'antenne d'Europe 1, lundi midi. "Les régions transfrontalières subissent les passages des camions. La régionalisation de l'écotaxe est la solution la plus acceptable", a plaidé Frédéric Cuvillier. Mais le socialiste n'est pas le premier à avoir relancé l'idée d'une écotaxe régionale.
L'écotaxe, une histoire mouvementée. Le dispositif avait défrayé la chronique durant de longs mois. L'écotaxe, votée en 2009 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, prévoyait de taxer tous les camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur les routes non payantes, soit plus de 15.000 kilomètres de réseau. L'idée : limiter les émissions de CO2 des camions et trouver des fonds pour réparer les routes. En 2011, un contrat de partenariat publique-privé est signé entre l'Etat, et Ecomouv', détenue majoritairement par l'Italien Autostrade (70%), chargée de collecter la taxe.
Mais, face à la fronde de nombreux acteurs (chauffeurs, agriculteurs bretons…), le gouvernement socialiste gèle le projet en octobre 2013, avant de l'abandonner un an plus tard. Finalement, le contrat avec Ecomouv' est résilié en octobre 2014. Résultat : le gouvernement doit verser 800 millions d'euros à la société chargée de collecter l'écotaxe, selon les conditions de résiliation fixées par le contrat.
Les régions à la relance. Pourtant, plusieurs régions font de la résistance. "Les régions transfrontalières ont toujours été en faveur de l'écotaxe", a expliqué Frédéric Cuvillier sur Europe 1. Ainsi, en Alsace, l'écotaxe revient régulièrement sur la table. Comme dans le Nord, la région de l'est de la France en a assez de réparer des routes qui, selon elles, sont principalement abîmées par des camions étrangers en transit. D'où l'idée de relancer la taxe uniquement au niveau régional, et uniquement pour les camions.
Frédéric Cuvillier a ainsi proposé, l'extension d'un "dispositif semblable à l'écotaxe que la Belgique va mettre en place à partir d'avril 2016", relate les Echos, lundi, ce qu'il a confirmé sur notre antenne. Le quotidien économique rappelle que l'Ile-de-France y réfléchit également de son côté. Surtout, le gouvernement ne semble pas s'opposer à cette écotaxe régionale. "Je pense que c'est une bonne idée, non seulement pour la région Ile-de-France, mais aussi pour d'autres régions", avait estimé Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie, à la mi-juin.
Une taxe impossible à appliquer ? Mais comment le dispositif, qui a échoué au niveau national, pourrait-il fonctionner au niveau local ? Les principales organisations de routiers, aux avant-postes dans la contestation de l'écotaxe, pourraient bien s'opposer à la résurrection du dispositif. "La FNTR, TLF et l’UNOSTRA, les trois principales organisations de routiers, avaient pris les devants fin juin en estimant que la profession prenait déjà 'toute sa part dans le financement des infrastructures' ", note ainsi la Voix du Nord.
"L'écotaxe au niveau national était une usine à gaz. Quand j'étais secrétaire d'Etat aux Transports, j'avais hérité de ce dossier et j'avais déjà défendu l'option d'une écotaxe appliquée au niveau régional. Mais cette option, qui me semble la meilleure, n'avait pas été retenue", s'est défendu Frédéric Cuvillier. Le combat autour de l'écotaxe est encore loin d'être terminé.