"La sortie de la Grèce de la zone euro est une possibilité". C'est la première fois depuis la crise de 2012 que Christine Lagarde évoque un "Grexit" en des termes aussi clairs. Dans un entretien au quotidien allemand FAZ, la patronne du FMI estime même que la Zone euro s'en relèverait facilement. Un "Grexit" ne signifierait pas "la fin de l'euro", affirme-t-elle, alors que se tient actuellement un G7 à Dresde. Elle met ainsi la pression sur Athènes, qui doit rembourser le 5 juin prochain un prêt important contracté auprès du FMI.
Une solution "très improbable". Selon l'ex-ministre de l'Economie française, il y a peu de chance que la Grèce parvienne à rembourser ce prêt. Athènes doit en effet rembourser en plusieurs fois la somme totale de 1,7 milliard d'euros au Fond monétaire international. Dès le 5 juin, c'est 300 millions d'euros qui doivent être rendus. Or, la Grèce risque d'être à court de liquidités d'ici "deux semaines", affirmait le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, il y a… deux semaines. "Il est très improbable que nous arrivions à une solution globale dans les jours qui viennent", a concédé Christine Lagarde, pessimiste.
Toujours pas d'accord de prêts. Pour obtenir des liquidités, le gouvernement d'Alexis Tsipras négocie depuis fin février avec le FMI, la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne, sur des engagements de réformes qui entraîneraient le déblocage de 7,2 milliards d'euros d'aide financière internationales promise à Athènes. Les discussions sont extrêmement ardues, les demandes des institutions allant pour beaucoup à l'encontre des promesses électorales du Premier ministre Alexis Tsipras. Les négociations avaient avancé début mai mais "ces dernières semaines nous avons à nouveau eu des déconvenues", selon la directrice générale du FMI.
"Nous avons des règles, nous avons des principes", a également insisté Christine Lagarde dans l'interview au FAZ. L'un de ces principes, rappelé par le FMI depuis Washington, est que "tout pays qui n'honore pas ses engagements envers le Fonds (...) est déclaré en situation d'arriérés de paiement et n'a pas accès aux financements du FMI".
La France temporise. De leur côté, les dirigeants européens tentent de mettre de l'eau sur le feu. Le ministre des Finances français, Michel Sapin, a souligné que le FMI n'avait "pas la même logique, pas les mêmes procédures, pas le même calendrier" que les Européens. "Le FMI est dans la flottille mais c'est un autre bateau. Il navigue avec nous et il n'est pas question qu'il reste au port", a-t-il toutefois promis. Manière de dire : ne stressé pas, on s'en occupe, vous serez remboursés.
"Les trois institutions doivent travailler ensemble avec une volonté partagée, que la Grèce reste dans la zone euro. Christine Lagarde est tout à fait à bord de cette négociation et elle a cette volonté politique avec nous", a également commenté le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.
Dans un communiqué publié jeudi soir après publication des premiers extraits de l'interview, Christine Lagarde a également souhaité désamorcer toute polémique. Le Grexit est un scénario "auquel j'espère les Européens ne seront pas confrontés parce qu'ils trouveront, espérons-le, un moyen de se mettre d'accord sur l'avenir de la Grèce dans la zone euro".