Le géant chinois des télécoms Huawei va désormais avoir un ancrage en France. La compagnie a annoncé jeudi l'ouverture de sa première usine en France. C'est la ville de Brumath dans le Bas Rhin qui va accueillir la firme qui va proposer des solutions technologiques de réseaux mobiles. En février dernier, le groupe avait fait savoir qu'il souhait implanter dans l'Hexagone sa première usine de ce type hors de Chine. Cela sera désormais chose faite.
Au moins 300 emplois
Selon Huawei, l'usine de Brumath, petite ville située à une dizaine de kilomètres au nord de Strasbourg qui dispose déjà d'une importante zone commerciale, devrait produire l'équivalent d'un milliard d'euros d'équipements par an."Avec cette usine implantée au carrefour de l'Europe, Huawei vient enrichir sa présence sur le continent déjà forte de 23 centres de R&D, plus de 100 universités partenaires, plus de 3.100 fournisseurs et d'une chaîne d'approvisionnement performante", a indiqué l'entreprise chinoise.
Le site représentera un investissement minimal de 200 millions d'euros et emploiera dans un premier temps 300 personnes. Il produira des équipements destinés à l'ensemble du marché européen, notamment sur le plan de la 5G. "Le site fabriquera dans un premier temps des équipements radio (par exemple des antennes, ndlr) puis s'étendra à d'autres produits dans le futur, en fonction des besoins du marché européen", avait indiqué le PDG du groupe, Liang Hua à la presse française en février dernier.
Les élus locaux divisés
Cette annonce est saluée par le président Les Républicains de la Région Grand Est, Jean Rottner, pour qui l'annonce de l'implantation de la première usine de production hors de Chine de Huawei à Brumath est "une excellente nouvelle qui témoigne de la dynamique économique de notre territoire transfrontalier".
La maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian avait, elle, émis des réserves mercredi sur ce projet. "Conscientes de la volonté manifeste de Huawei de s'implanter dans notre département, nous avons adressé au Premier ministre et à la Commission européenne un certain nombre de questions relatives à la sécurité et à la souveraineté économique, largement partagées par nos concitoyens". Elle avait également ajouté qu'en "responsabilité, je serai attentive aux conditions d'installation de Huawei à Brumath et à ses impacts sur le territoire".
Méfiance vis-à-vis de la 5G en France
Cette annonce intervient dans un contexte difficile pour le groupe chinois, sur fond de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. L'administration du président sortant Donald Trump a mis en avant un risque d'espionnage pour le compte du gouvernement chinois. Les Etats-Unis ont appelé de nombreux pays, notamment européens, à ne pas utiliser les infrastructures Huawei pour le déploiement du nouveau réseau téléphonique 5G.
Si la France n'a jamais explicitement franchi le pas, le Royaume-Uni et la Suède sont les deux pays européens à avoir officiellement exclu l'équipementier du réseau mobile de dernière génération. De Paris à Nantes, qui ont lancé des consultations citoyennes, en passant par Grenoble et Lille, davantage en faveur d'un moratoire, la prudence des élus de gauche ou écologistes des grandes villes françaises l'emporte sur un déploiement rapide de la nouvelle génération de réseaux mobiles.